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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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BnF, Mss, NAF 16333, f. 1-2

[1838]
[date illisible]

[illis.] mon petit bien-aimé, je t’aime. Je te remercie de la bonne petite journée que tu m’as donnée aujourd’hui. Je regrette qu’elle n’ait pas pu être [lignes illisibles] plus remplies et les plus heureuses. Mme Pierceau vient de partir. Suzette est allée la reconduire jusqu’à l’omnibus. Ma pendule s’arrête toujours et toujours je pousse d’affreux cris quand je la remets à l’heure. C’est très peu amusant et pas du tout instructif. J’aimerais mieux le carillon d’Anvers qui chante l’heure de cinq minutes en cinq minutes. J’ai bien mal à la gorge, mon petit bien-aimé, je n’ai pourtant pas parlé beaucoup quoique je n’aie parlé que de vous. Tout mon bavardage était en dedans, ça ne devrait pas me donner mal à la gorge. C’est injuste, je le dirai, tu verras grand SRIN.
Soir, Toto, vous ne venez pas souvent le soir, il paraît que vous faites les cent coups et que vous ne pensez pas aux coups de trique qui vous attendent ici avec impatience. Mon petit Toto, vous serez le plus caressé, le plus choyé et le plus dorlotéa des hommes si vous venez ce soir et cette nuit. Quand je dis cette nuit, je veux dire DEMAIN MATIN. Je me mettrai à votre merci, je ferai ce que vous voudrez. Je me vêtirai en costume de paradis terrestre si vous venez, et voyez maintenant si cela vaut la peine de sortir de votre lit pour entrer dans le mien. Hélas ! je crains bien que toutes mes séductions n’aboutissent qu’à quinze jours d’abstinence, de continence et de pénitence, c’est toujours ainsi que cela seb pratique depuis un an, vieux Toto, et je vous aime malgré cela, et je vous adore tout de même et encore plus parce que pour vous aimer je ne me règle pas sur votre empressement ni sur votre amour, ce qui serait une bien petite mesure. Je vous aime en grand, généreusement et entièrement, je n’ai rien réservé pour personne de mes facultés d’aimer. Aussi je vous aime trop et vous n’en savez que faire. Ce n’est pas ma faute, je ne peux pas vous aimer moins. Mon Toto, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 1-2
Transcription de Nathalie Gibert-Joly assistée de Gérard Pouchain

a) « dorlotté ».
b) « ce ».

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