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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 octobre [1836], samedi après-midi, 1 h. ¼

Mon cher petit bijou d’homme, je sais à n’en pouvoir douter que vous êtes à l’OPÉRA dans ce moment-ci, comme je crois être presque sûre que vous serez à Fourqueux ce soir [1]. Ce n’est pas le côté gaia de ma divination, au moins, et j’aimerais mieux me tromper plus souvent à cet endroit là, parce que tout le temps que durerait mon erreur je serais tranquille tandis qu’autrement je suis dans l’enfer. Je vous aime mon Toto chéri, je vous aime de toute mon âme. Il serait bien mieux que je ne vous aimasse pas ainsi, mais je ne peux pas m’empêcher. C’est un malheur.
Il fait un temps effroyable, [ce  ? et  ?] qui serait un motif suffisant pour nous empêcher de battre la campagne aujourd’hui. Que s’il faut absolument que vous battiez quelque chose j’aime mieux que ce soit moi et que vous restez à Paris.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 18-19
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « gaie ».


8 octobre [1836], samedi soir, 7 h 20 m.

Je suis bien heureuse mon cher adoré, que vous soyez resté à Paris quoique ce ne soit pas à mon intention. Je n’en profiterai pas moins, je vous le jure. Et je prendrai du bonheur comme une GOULUE que je suis. Je viens d’envoyer quérir l’admirable cervelas. Je ne vous promets pas par exemple le talent de M. le curé pour le faire voir dans tout son éclat (le cervelas) entre parenthèses et pour que vous ne vous moquiez point de ma rédaction comme vous l’avez fait si irrévérencieusement tout à l’heure. Je t’aime toi, je vous défends de recevoir des vers d’une agonisante qui déjà a l’esprit mort, cela ne flaire pas assez bon la fidélité et vous pourriez bien recevoir beaucoup de coups, je vous en préviens. Fermez donc votre porte et surtout vos oreilles à tous les amours du père La Chaise qui viendront plus ou moins mourir mystérieusement OU CRAIGNEZ MA COLÈRE. En attendant je vous suppose fidèle, honnête et innocent et je vous embrasse sur les deux petits machins que vous avez le front d’appeler vos pieds et que moi, je nomme deux bijoux à mettre à sa [montre ?].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 20-21
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Fourqueux est une villégiature où Victor Hugo séjourne du 1er mai à fin octobre 1836, située près de Saint-Germain-en-Laye, à l’entrée de la forêt de Marly. Il habitait une belle demeure entourée d’un parc.

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