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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 3 septembre [18]77, lundi matin 11 h.

Je te remercie de m’avoir envoyé de quoi payer la blanchisseuse, mon grand petit homme, cela m’épargne le petit ennui d’envoyer chez elle tantôt. Seulement, je crains que ce qui restera des cent francs soit insuffisant pour payer notre petite débauche ce soir, car nous serons huit à héberger en comptant le bon Lesclide.
Je te demande pardon, mon cher bien-aimé, d’avoir mis la charrue devant les bœufs en ne commençant pas mon gribouillis par le mot sacramentel de mon cœur et de mon âme comme je fais tous les jours : je t’aime.
J’espère que tu as passé une très bonne nuit, ce qui me console de la mienne qui n’a été rien moins qu’aimable grâce à une invasion de cousins féroces qui m’a harcelée toute la nuit. Pour me rabibocher un peu, j’ai pris un bain tout à l’heure qui paraît m’avoir très bien réussi. Le bonheur de te revoir bientôt et celui qui reluit pour ce soir rendront mon ravigotement complet. Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 240
Transcription de Guy Rosa

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