Guernesey, 24a novembre, [1865], vendredi, 8 h. du matin
Je t’aime, je souffre, ne m’en demande pas davantage.
J.
BnF, Mss, NAF 16386, f. 187
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « 25 ».
Guernesey, 24 novembre, [18]65, vendredi après-midi, 2 h. ¼
Il pleut et il y a un lumineux arc-en-ciel qui fait voûte au-dessus de ma maison. Je veux que tu sentes mon amour, encore tout trempé de mes larmes d’hier, rayonner de mon cœur au tien dans un sourire de paix et d’ineffable espérance. Je te supplie de ne plus songer à cette petite tempête qu’une mauvaise pensée de toi a souffléea hier sur notre doux bonheur et de m’en aimer davantage si tu peux, ne fût-ceb qu’au point de vue de la justice ! Quant à moi, je t’aime d’autant plus que tu me fais souffrir. Ce n’est pas une raison pour abuser de cette PRIME que ma pauvre âme te donne à chaque nouvelle crise où me jette ton esprit inquiet et soupçonneux pour les accumuler sans raison. Maintenant que je t’ai fait cette prière, je te souris, je t’aime, je t’adore et je suis heureuse. N’allez pas croire que ce soit moi qui ai sali ce petit bout de papier, au contraire, tous ces pâtés peu appétissants sont de votre fait et vous devez les reconnaître. Reconnaissez aussi que j’avais raison de ne pas vouloir sortir par ce temps de bourrasques et de pluie et embrassez-moi carrément et sans faire la petite bouche. Je suivrai votre exemple. Il est probable que tu as eu un fort courrier et fort intéressant. Probablement les deux packets [1] allant en sens inversec, l’un pour Weymouth, l’autre pour Jersey, ont jugé prudent de ne pas continuer leur route aujourd’hui, ce dont je les approuve. Ils restent à l’abri dans le port jusqu’à ce que la mer soit apaiséed. Mais vous, mon cher petit homme, vous ne courreze aucun danger en revenant tout de suite près de votre vieille Juju.
BnF, Mss, NAF 16386, f. 185
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « soufflé ».
b) « fusse ».
c) « invers ».
d) « appaisée ».
e) « courerez ».