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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 juillet [1839], vendredi matin, 11 h.

Bonjour mon petit homme, bonjour mon Toto, comment vont tes yeux ce matin ? Une nouvelle, j’ai encore manqué de mettre le feu hier en éteignanta la bougie avec une brochure, mais je ne suis pas comme la mère Pierceau et au lieu de crier je me suis levée tranquillement, j’ai pris ma pantoufleb et j’ai éteint l’incendie sans sourciller. Au reste on dit que le feu c’est JOIE, je regrette de ne l’avoir pas souffléc au lieu de l’éteindre parce que nous aurions eu peut-être deux mois de voyage au lieu d’un, ce qui m’aurait fort arrangée. Jour Toto. Baisez-moi, aimez-moi et ménagez vos pauvres yeux adorés. Je vous offre toujours de vous boucler [1]. Vous êtes bien féroce de ne pas y consentir. J’aime mon Toto. Il est probable que les peintres auront fini la salle à manger aujourd’hui. Ainsi, avec un peu de patience nous serons débarrassés d’ici à peu de jours mais c’est égal, l’assaut a été long et rude et je ne le recommencerais pas pour je ne sais combien. Il fait joliment beau encore aujourd’hui. Cependant je ne vous demanderai pas de me faire sortir puisque vous travaillezd et que d’ailleurs je n’ai pas même le plaisir d’être avec vous. J’aime autant être chez moi que chez la mère Pierceau. Baisez-moi mon petit homme, pensez à moi et aimez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 101-102
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « etteignant ».
b) « pantouffle ».
c) « souflé ».
d) « travailler ».


12 juillet [1839], vendredi soir, 9 h.

Croirais-tu, mon cher petit bien-aimé, que de guenilles en tessons, que d’arrangements en déménagement, tout mon temps s’est passé jusqu’à présent, sans m’être débarbouillée et sans avoir dîné ? C’est cependant la vérité. Il est vrai aussi que ma pendule avance énormément mais enfin ça n’empêche pas qu’il ne soit très tard. À propos, vos œillades ASSASSINES à la femme au BRONZE ont produit leur effet : on n’a pas voulu de mon argent sous aucun prétexte et même on m’invite à envoyer tout ce que j’aurai à faire au même PRIX. Décidément c’est charmant et vous êtes un homme précieux. Voime, voime, mais ça me coûte trop cher et je ne veux plus de ces marchés-là.
Voici les petites Besancenot qui font invasion chez moi. Oh là ! là ! Me voilà baisée et rebaisée sur toutes les coutures. Malheureusement le moindre petit grain de baiser de votre joli petit bec ferait bien mon affaire, mais en fait de ça vous n’êtes pas le COQ de votre pauvre poule car vous ne la coquez pas trop souvent. Soir pa. Soir To. Je vous attends cette nuit si vous avez du cœur autant que j’ai d’amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 103-104
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

Notes

[1La veille, Juliette a offert à Hugo de vendre une boucle de ses cheveux.

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