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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 décembre [1840], vendredi midi

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour mon pauvre petit homme, comment vaa ton rhume, mon Toto ? Je ne te demande pas pourquoi tu n’es pas venu, mon amour, parce que je me doute que la réponse que tu me ferais. Je ne me plains pas non plus parce que cela ne sert à rien, mais je te désire de toute mon âme malgré l’inutilité de mes désirs. Je me suis encore endormie tard cette nuit quoique j’aieb éteint ma lampe presque tout de suite après toi. Je me suis réveillée aussi fort tard comme tu le peux voir à la date de ma lettre, il y a par conséquent grande compensation et j’ai bien dormi mes huit heures. Pauvre bien-aimé, je n’ai pas le courage de faire parade de ma paresse quand peut-être tu as passé toute ta nuit à travaillerc avec ton rhume, ce qui a pu te faire beaucoup de mal. Je voudrais donner mes nuits, mes jours et ma vie pour t’empêcher de travailler comme tu le fais. Je le ferai avec joie, tu n’en doutesd pas, n’est-ce pas mon Toto ? Je t’aime mon Victor chéri, je t’adore mon petit homme, je baise tes pieds mon amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 269-270
Transcription de Chantal Brière

a) « vas ».
b) « j’ai ».
c) « travaillé ».
d) « doute ».


2 décembre [1840], vendredi soir, 4 h. ½

Depuis que je suis sûre que votre rhume n’a pas augmenté, au contraire, j’ai bien envie de vous faire une scène affreuse de ce que vous n’êtes pas venu déjeuner avec moi ce matin. Je n’ai vraiment aucun ménagement à garder avec un scélérat d’homme qui se conduit si mal avec moi. Je vous dis cela sans rire et du fond de mon cœur car je suis furieuse contre vous. C’est très mal à vous de vous conduire si mal envers une pauvre femme qui met toute sa vie dans vous et toute sa joie dans une matinée passée avec vous. Mon Toto, vous n’êtes vraiment pas gentil pour votre pauvre Juju qui vous aime de toute son âme. Si vous ne venez pas cette nuit je ne vous en parlerai plus et je serai triste et malheureuse comme un pauvre chien. Il va trop sans dire que vous vous donnerez bien de garde de m’apporter l’exemplaire désiré. Dans tous les cas je n’y compte pas et si vous voulez jouir d’une surprise et d’une joie sans borne vous n’avez qu’à me l’apporter, ne fût-cea que par curiosité, vous verrez ce dont je suis capable.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 271-272
Transcription de Chantal Brière

a) « fusse ».

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