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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 avril 1840

30 avril [1840], jeudi matin, 9 h. ½

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour scélérat qui ne venez pas, qui ne venez jamais. Bonjour, bonjour, bonjour. J’ai déjà ma grande cocotte et Julie qui me bave sur la figure. Je suis un peu plus contente car Claire a été très gentille depuis huit jours. Je voudrais bien qu’elle se mît sérieusement à devenir une bonne fille et puis que tu m’aimes et que nous fassions bien vite notre petit voyage bien longtemps, bien longtemps, je serais la plus heureuse des femmes. Je t’aime, je t’aime mon Toto. Quel dommage que vous ne soyez pas venu ce matin déjeuner avec nous, j’aurais pris mon DESSERT avant de me lever et c’eût été très I. Baisez-moi mon amour ; baisez-moi qu’on vous dit et aimez-moi car je vous aime, moi, de tout mon cœur et de toute mon âme. Nous allons piocher aujourd’hui, je vais profiter de la présence de Claire pour faire faire les tabliers de Suzanne. À propos ce pauvre Lanvin reçoit 14 sous tous les soirs mais les acteurs ne reçoivent rien attendu que le public ne veut rien leur donner. Si tu pouvais le placer autre part ce pauvre Lanvin ce serait une bonne action. Penses-y mon amour et surtout pensea que je t’aime et que je te suis bien fidèle.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 91-92
Transcription de Chantal Brière

a) « penses ».


30 avril [1840], jeudi soir, 6 h. ¼

Vous venez de nous quitter sans pitié, mon amour, et cependant toutes les femelles faisaient les bras en guirlandes pour vous ENLACER. Vous avez méprisé tout cela et vous êtes parti comme un scélérat que vous êtes. Je vous prie cependant de ne pas oublier que vous emportez avec vous toute ma joie, ma vie, mon cœur, mon âme et de m’en rapporter bientôt quoi quea ce soit de tout mon pauve [1] moi.
Julie continue son vacarme et embrasse mon jupon sous prétexte qu’il y a des volants et que vous êtes le plus gentil des MESSIEURS. Tous ces enfants joyeux me font regretter davantage votre chère petite FARIMOUSSE ou frimemousse, comme vous voudrez, qui va si bien à votre chère petite personne et à vos bêtises pommées. Je voudrais bien que vous pussiez venir nous chercher le soir pour nous faire marcher un peu. Claire qui aura travaillé toute le journée ne demandera pas mieux que de sortir un peu et moi je ne demande que plaie et BOSSE avec vous. Baisez-moi mon bon petit homme, baisez-moi et aimez-moi. Tâchez de revenir très tôt. Je vous aime qu’on vous dit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 93-94
Transcription de Chantal Brière

a) « quoique ».

Notes

[1« Pauve » pour « pauvre » (déformation volontaire).

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