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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 novembre [1840], samedi soir, 4 h. ¼

À peine étais-tu parti, mon Toto chéri, que j’ai eu une visite désagréable ou plutôt un message désagréable. Voici ce que c’est : la bonne de Mme Ribot l’usurière a apporté une lettre de sa maîtresse que tu liras tout à l’heure. Force m’a été de la décacheter pour savoir de quoi il était question. J’ai fait dire à la servante que j’étais malade dans mon lit et hors d’état de faire aucune réponse pour le moment. Je pense que j’ai bien fait mais le réveil de ce vieux monstre m’a causé une tristesse inexprimable et dont je me serais très bien passé. J’entrevois un recommencement de poursuite, de scandale et d’ennui qui me serre le cœur comme dans un étau. Enfin à la grâce de Dieu et si tu m’aimes toujours je reprendrai bien vite courage. Tout cela ne m’a pas empêchée d’être prête à l’heure dite mais, vous scélérat, il est probable que vous ne serez pas aussi exact et que vous viendrez à des heures parfaitement indues. En vous attendant, si j’ai le temps, j’écrirai à cette pauvre Claire et peut-être au propriétaire aussi car le charbon presse. Jour Toto. Jour mon bon petit bien-aimé. Jour onjour. Certainement oui j’ai caché mon peigne et mes petites brosses et vous serez bien habile si vous les découvrez. . Toto est un cochon, Toto est un porc, Toto est un animal immonde avec lequel mes peignes et mes brosses font tristes figures. Taisez-vous vieux sale et ne vous servez pas de mes machins. Ia [1] ia j’ai joliment froid en vous attendant. Vous êtes bien ridicule de me faire mettre sous les armes deux heures d’avance, je n’ose pas rallumer mon feu dans la crainte que vous n’arriviez juste pour partir. Je vous dis que vous êtes une bête OUI FIR ? IA IA MONSIRE, MATAME, IL EST SON SARMES. Baisez-moi qu’on vous dit et venez tout de suite.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 189-190
Transcription de Chantal Brière
[Blewer]

Notes

[1Ja : oui en allemand.

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