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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 juillet [1840], jeudi après-midi, 1 h.

Mon cher petit bien-aimé, tu as encore oublié d’emporter le livre de Mme Krafft de sorte que si elle vient aujourd’hui je ne saurai où me fourrer car il est difficile de mentir aussi bien de près que de loin et avec le même superbe aplomb. Tu dois reconnaître combien il est temps que nous lui donnions ses livres ? Ce nouveau cadeau rend la chose plus pressante encore. J’avoue que je suis très contente de ma petite table d’abord parce qu’elle est jolie, ensuite parce que je te donnerai la mienne, je te les donnerai même toutes les deux avec joie si tu veux me donner celle qui a servi à écrire une partie de tes admirables livres. La même commissionnaire peut servir pour emporter et pour rapporter, mais je t’en prie, envoie les livres de Mme Krafft chez le relieur, je ne te laisserai pas de repos que tu n’aies fait cette corvée. Il serait bon aussi que nous allassions chez cet opticien pour savoir au fond ce qu’il entend par costume blanc ou noir pour M. ou pour Madame [1]. Il fait un temps ravissant et qui durera au moins jusqu’à samedi. Il eût été par trop IMPRUDENT de faire faire nos portraits un VENDREDI : d’abord nous n’aurions pas été prêts ensuite c’était narguera le diable qui s’en serait vengé en nous [donnant ?] dans ce moment-là douze centimètres de nez. J’aime mieux la chose remise à samedi. D’ailleurs cela nous donnera le temps de nous préparer et de nous informer du costume. Quant à moi je ne peux pas mettre autre chose que ma robe noire si ce n’est une robe blanche ou jaune. La robe jaune aura l’inconvénient de me faire prendre une voiture à tout bout de champ. Je t’aime Toto, je suis impatiente d’avoir ton cher petit portrait mais je ne veux pas le risquer dans de fâcheuses rencontres. C’est pour ça que j’ai refusé obstinément le VENDREDI parce que ça PORTE MALHEUR et qu’il faut que je puisse dire en rapportant votre chère petite figure chez moi : QUEL BONHEUR !!!!!!a Baisez-moi vieux scélérat et aimez-moi de tout votre cœur, je vous adore. Baisez-moi qu’on vous dit.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 31-32
Transcription de Chantal Brière

a) Six points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Juliette s’inquiète des préparatifs d’une séance de photographie.

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