4 juillet 1840

5 juillet 1840

4 juillet [1840], samedi soir, 6 h. ½

Je n’ai rien à craindre de moi, mon adoré, je t’aime, je te vénère, je t’adore avec ces sentiments-là on ne trompe pas son Toto. J’ai pioché jusqu’à présent. C’était aujourd’hui jour de frottage et jour de nettoyage^a. Claire a trié^b des papiers jusqu’à présent mais c’est loin d’être fini pour que ce soit définitivement et d’une manière utile. Mais j’espère que le désir d’avoir des prix et surtout celui de nous contenter porteront Claire à rattraper^c les quelques jours que je lui fais perdre pour ce petit travail. J’ai bien peur malgré tout ce que tu dis, mon amour, que tu ne sois à Saint-Prix [1] aujourd’hui, nous verrons si je me trompe mais j’ai bien peur que non. Je vous aime Toto, je vous adore mon petit homme. J’espère que nous allons nous en donner de l’onguent miton mitaine [2] et de la poudre de perlimpinpin^d. D’y penser je sens mes boyaux qui se révoltent heureusement que cela ne nous empêchera pas de voyager car sans cela je n’aurais même pas voulu en essayer. J’ai horreur de toutes les drogues mais j’aurais une antipathie^e insurmontable pour un remède qui s’opposerait à mon pauvre petit bonheur annuel. Baisez-moi Toto et apprêtez vos boyaux et votre cou. Pourvu que je n’aille pas te le couper car ce ne serait pas très drôle. Je ferai tout mon possible pour être très adroite mais j’ai bien peur que mon talent ne réponde pas à ma bonne volonté, enfin vous essayerons^f. Je vous aime Toto et je suis capable de tout même de ne PAS vous couper le cou. Si tu es à Paris viens me le montrer, cela me fera une grande joie et je te baiserai de toutes mes forces pour la peine.