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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 février [18]68, mercredi, 7 h. ¼ du m[atin]

Moi aussi, je suis levée et je n’en suis pas plus fière pour cela car je ne vous ai pas vu, hélas ! Mais en revanche, je ne vois que trop ma pauvre petite restitus oubliée entre les pattes de son fidèle toutou. Tout cela ne me ferait pas rire si je n’avais pas la pensée que vous avez passé une bonne nuit. ALLAIE [1], je vous pardonne et même je vous approuve. D’ailleurs il n’y a pas moyen de bouder devant ce lever de soleil et puis c’est notre MOIS [2] et puis je t’adore… AH ! « je suis gaie, soyez gai, il le faut, je le veux » [3]. Je vous dédie cette ritournelle avec tous les la la itou de mon cœur.
J’ai un commencement de rhume et de mal de gorge ce matin mais je m’en fiche car je compte leur brûler la politesse, en même temps que la plante de mes pieds, dès que mon feu sera allumé. Sur ce, je vous adore. Fichez-vous le dans la boule.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 41
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Manifestement, Juliette déforme l’impératif « ALLEZ ».

[2Leur histoire d’amour commence dans la nuit du 16 au 17 février 1833.

[3Air de la Belle Hélène (acte III, scène 5), opéra-bouffe en trois actes de Jacques Offenbach, livret de Meilhac et Halévy, représenté pour la première fois au Théâtre des Variétés, le 17 décembre 1864 à Paris. Victor Hugo, probablement accompagné de Juliette Drouet, assista à La Belle Hélène à Bruxelles les 6 et 13 juillet 1865.

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