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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mars 1840

21 mars [1840], samedi après-midi, 1 h.

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon Toto, bonjour mon amour. Comment vas-tu ? Donne-t-on Marion [1] ? As-tu une loge ? Et me mèneras-tu ce soir la voir, la Marion ? Je remarquais hier en lisant les journaux avec quela soin délicat ils n’avaient même pas annoncé la représentation d’aujourd’hui. En vérité ces canailles-là sont aussi stupides que méchantesb pour nuire à cette pauvre pièce, qui s’en moque, ils s’ôtent de l’argent de leur poche et ils croient avoir fait merveille, les imbécilesc !!!!!
Je serais bien contrariée si tu ne pouvais pas donner de loge à Mme Krafft mais je sens que tu ne peux pas en demander ainsi je ne te tourmenterai pas. Si tu veux me mener voir ma Marion ce soir je serai très contente, si tu ne veux pas c’est que tu auras tes raisons pour cela et je ne te tourmenterai pas non plus. Je suis dans une disposition de cœur et d’esprit pleine de tendresse et de douceur et je ne voudrais pas te tourmenter pour tout au monde. Comment vas-tu mon petit bien-aimé ? Comment m’aimes-tu ? Moi je t’aime par dessus toute chose et par dessus mon âme car mon amour me déborde et retombe sur tout ce que tu aimes, sur tes chers beaux et bons enfantsd que je voudrais porter dans mes bras. Mais c’est bien toi, pauvre adoré, que je voudrais porter, caresser et adorer comme un pauvre ange que tu es. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16341, f. 290-291
Transcription de Chantal Brière

a) « quelle ».
b) « méchants ».
c) « imbécilles ».
d) « enfans ».


21 mars [1840], samedi soir, 4 h. ¾

Mon cher petit bien-aimé, je voudrais bien te baiser et te demander en même temps si nous avons une loge pour ce soir à envoyer enfin à Mme Krafft ? Quant à moi je suis sous les armes dans le cas où tu serais assez bon pour me mener voir ma ravissante pièce [2]. J’espère qu’il fait un beau temps aujourd’hui pour un jour de printemps ? Voime, voime, cela ne servira pas beaucoup la recette de ce soir, mais cela viendra fort à propos confirmer le guignon qui nous accompagne dans toutes espèces de choses.
Je t’aime mon grand Toto, je t’admire mon Victor, je t’adore mon amour. Qu’est-ce donc qui t’empêche de venir ? À quoi bon demeurer si près l’un de l’autre si ce n’est pour me donner une minute de chaque heure de la journée qui s’écoule ? Cela ne ferait pas grand tort à tes affaires et ne te gênerait pas beaucoup et cela me donnerait une grande joie et un grand courage pour t’attendre. Comment ne comprends-tu pas ça ? Autrefois je n’avais pas besoin de te le dire, tu quittais tout pour venir m’embrasser et me serrer la main, maintenant c’est à grand-peine si je te vois une heure dans toute la journée, y compris la nuit. C’est bien triste mon Dieu pour moi qui t’aime et qui mets toute ma joie dans ton regard, tout mon bonheur et toute mon âme dans un baiser. Cependant je sais que tu es adorablement bon et généreux et je ne veux pas te tourmenter. Je baise tes chers petits pieds.

BnF, Mss, NAF 16341, f. 292-293
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Marion de Lorme.

[2Il s’agit de Marion de Lorme.

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