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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 avril 1839

10 avril [1839], mercredi après-midi, 4 h.

Vous êtes bien gentil, mon Toto, et je vous pardonne tous vos trimes d’hier. Je consens même à ce que vous soyez tous les jours aussi féroce pourvu que vous ayez des matinées comme celle d’aujourd’hui à me donner. Papa est bien i. Voime, voime, voime. Si vous aviez du cœur, vous me mèneriez promener et dîner avec vous tout à l’heure, mais il n’y a pas de danger, vous ne me gâtez pas de ce côté-là, vous me croyez apparemment d’une complexion trop délicate pour supporter tout un jour entier de bonheur avec vous ? Il fait pourtant bien beau et c’est si rare dans ce pays-ci que vous devriez saisir avec empressement les quelques heures de soleil qui brillent à notre horizon. Au reste, ce n’est pas aujourd’hui que j’ai le droit de pousser d’affreux cris. Je reconnais que pour une femme persécutée, je suis assez heureuse comme ça. Je ne sais plus vraiment où mettre votre MOGNEAU : moi, il me dévore tout, cet animeau bizarrea et je demande un supplémentb de subvention pour frais de réparation mobilièrec et locative. En attendant, payez de votre personne et de votre amour et baisez-moi comme il faut. Je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 35-36
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « bisarre ».
b) « suplément ».
c) « mobiliaire ».


10 avril [1839], mercredi soir, 9 h.

Certainement que j’ai gardé mon petit sac vide pour avoir le plaisir de le remplir avec vous ce soir. Ceci est une bonne fortune trop rare pour que je n’en profite pas quanda elle se présente. Et d’ailleurs si vous me faisiez la grâce de souper avec moi tous les soirs au lieu d’une fois par hasard, ce serait la même chose et encore mieux. Au reste, dans ma première lettre je vous avais prié de continuer la journée comme vous l’aviez si bien commencée. Mon vœu a été exaucé à l’exception d’une petite lacune de sept heures à minuit, mais je m’estime encore très heureuse de ce qui m’en reste. Pour cela j’aurais jeûné huit jours, à plus forte raison cinq heures. Jour, mon cher petit o. J’espère que vous n’irez pas au théâtre sans moi ce soir, ce serait bien dur ? Et me gâterait furieusement mon pauvre petit bonheur de ce soir. Je compte sur votre amour pour ne pas chagriner le mien. [illis.], mon adoré, que depuis un bout de [illis.] à l’autre je me [illis.] de corps et de pensée, de toute espèce de société.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 37-38
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « quant ».

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