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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 mars 1838

26 mars [1838], lundi vers midi, 1 h.

Bonjour mon petit homme chéri, bonjour mon adoré, il y a déjà longtemps que je suis réveillée mais je me sentais en goût et j’ai répété dans mon lit tout le rôle de la Tisbe. C’était bien beau et je vous ai applaudi plus d’une fois dans le [cours  ?] du rôle ! J’étais à la fois l’actrice et l’admiratrice passionnée ! Et puis j’ai repensé à la lettre d’hier. Je suis toujours jalouse d’elle et je veux que tu me donnes la lettre et l’adresse afin que je voie ce qu’il y a à faire pour me tranquilliser. Si tu étais à ma place, mon cher adoré, tu sentirais comme moi, si tu m’aimes. Je voudrais te voir, mon bien-aimé, je voudrais baiser ton beau front et ta ravissante bouche, c’est ce qui pourrait me rassurer le mieux et le plus vite. Quand je te vois si beau et si noble, quand j’entends ta voix si douce et si persuasive, je n’ai plus peur du tout et ma jalousie s’en va. Malheureusement je ne suis pas souvent dans ce cas-là, tu as toujours tant d’occupations, tant de devoirs, tant d’autres [scènes  ?] de toutes sortes que c’est à peine si je te vois quelques minutes dans la journée. Je t’aime, mon Victor, je t’aime de toute mon âme, je pense à toi toujours, et je te désire de toutes mes forces. Tâche de venir très tôt et aime-moi aussi un peu.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16333, f. 184
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain


26 mars [1838], lundi soir, 8 h. ½

Avant de dîner, mon Toto, je veux vous écrire une bonne petite lettre de tout mon cœur, et à quatre pattes comme le joli petit Toutou que vous m’avez apporté tantôt. Pour mettre le comble à vos bontés vous devriez me faire voir crèce Borgia ce soir et puis encore si vous vouliez faire de moi la plus joyeuse et la plus heureuse femme du monde, ce serait de venir cette nuit déjeuner avec moi. C’est ça qui serait bien i, mais vous ne le ferez pas, méchant petit homme, et ce sera déjà beaucoup si vous venez me prendre pour marcher un peu ce soir. Il est vrai que quelques minutes passées avec toi, c’est le ciel. En amour il n’y a pas de peu mais il y a Bonheur et bonheur. Je ne sais pas si je me fais comprendre. Je veux dire que rien n’est à dédaigner ni indifférent pour une femme qui aime comme je t’aime et qu’une seconde passée dans tes bras me donne le même bonheur qu’une nuit touta entière, seulement ça dure moins longtemps. Mon Victor adoré, j’ai le cœur plein d’amour et d’adoration. Je voudrais baiser ta bouche que j’admire et tes petits pieds dont je suis folle. Je t’aime, je t’aime, à bientôt, n’est-ce pas ? Mme Lanvin n’est pas venue, j’en suis fâchée à cause du retard que cela apporte à notre petit arrangement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 186
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « toute ».

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