Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Mars > 6

6 mars 1838

6 mars [1838], mardi, midi ¼

Bonjour, mon adoré, je vous aime. Vous m’avez laissée bien seule depuis hier. Je ne grogne pas, je vous aime, vous êtes attrapé, j’espère ? Il fait un temps magnifique, je n’en resterai pas moins enfermée toute la journée. Il est vrai que vous avez répétition. Mais quand vous n’en aurez plus, ce sera la même chose. Pourquoi n’êtes-vous pas venu cette nuit ? Et pourquoi n’êtes-vous pas venu ce matin ? Vous m’auriez donné un peu de bonheur, un peu de soleil dans le cœur et dans les yeux, mais vous êtes incapable de ce qui est bon et beau. Vous vous gardez avec un soin qui me met au désespoir. Je vous aime avec tout cela, et je ne vous changerais pas contre un autre plus aux petits soins, plus empressé et plus amoureux que vous n’êtes. Je vous aime de toute mon âme, tout méchant et tout hideux que vous êtes. Je vous adore malgré et à cause de tout.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 137-138
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain


6 mars [1838], mardi soir, 5 h. ½

Je suis sous les armes, mon cher petit bien-aimé, ne me laissez pas trop longtemps de planton dans ma guéritea. Je vous aime et vous n’avez pas l’air d’y faire attention, c’est très triste et très vexant pour votre pauvre vieille Juju. Je vous aime trop, je m’inquiète de tout et vois tout en noir quand vous n’y êtes pas, c’est-à-dire presque toujours car vous devenez de jour en jour plus rare. Si vous n’y prenez pas garde vous oublierezb tout à fait le chemin de ma maison. Vous allez avoir ce soir un encombrement de lettres dont vous ne saurez que faire. J’ai bien envie d’en brûler deux. Je suis sûre que vous ne vous en apercevrezc seulement pas. J’essaierai un jour que vous ne serez pas prévenu et nous verrons si vous vous en apercevrezc. Je vous attends, mon cher petit homme. J’ai bien la mine de vous attendre longtemps. Je vous aime et vous aimerai toujours et quoi qu’il arrive. C’est bête mais ce n’est que trop vrai.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 139-140
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « guéritte ».
b) « oublirez ».
c) « appercevrez ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne