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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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3 mai 1849

3 mai [1849], jeudi matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto, bonjour. Comment que ça vous va aujourd’hui ? Êtes-vous déjà réveillé ? J’en doute et je vous en félicite. Pourvu que vous ne veniez pas me chercher trop tard tantôt, c’est tout ce qu’il me faut et je désire que vous dormiez le plus que vous pourrez. Quant à moi, j’ignore encore comment je ferai pour marcher, mais quand je devrais vous conduire à l’Assemblée sur la tête, je n’en démordrai pas. C’est un parti pris. Ainsi, tant pisa pour mes pieds, mais je suis résolue à ne pas leur céder. C’est le cas d’être de mon pays ou jamais et j’en suis, j’en suis, j’en suis horriblement. C’est aujourd’hui ; mon Toto, que tu dois m’apprendre si tu me donneras la journée de demain. Mais hélas ! Je ne sais pas pourquoi je n’ai plus aucune espérance ce matin. Il me paraît presque impossible que tu puissesb prendre sur tes affaires pressantes et pressées toute, ou la plus grande partie d’une journée ? Je n’ose pas l’espérer. Ce sera donc une vraie surprise si tu peux me donner une partie de ce fameux vendredi si plein d’ennui pour moi déjà. Cher petit homme, je t’obsède avec mes éternelles rabâcheries et tu es bien bon de ne pas m’envoyer promener bien loin. Je le reconnais et je t’en suis d’autant plus reconnaissante qu’à ta place je n’aurais pas cette patience. Bien que pour cette excessive bonté, tu mériterais d’être aimé si tu ne l’étais déjà pour toutes sortes d’autres raisons dont la première est l’amour. Je ne sais pas si je me fais comprendre ? Cela me paraît difficile. J’ai hérité de l’embrouillamini de ce pauvre Alphonse [1], si bien qu’un chat n’y retrouverait pas son petit dans toutes ces pattes de mouches qui courent les unes après les autres. Quant à moi, je sais ce que tout cela veut dire, mais j’ai mes raisons pour cela. Du reste, pour ne pas te tromper, voici la traduction libre de tout ce hideux gribouillis : Toto je t’adore.

Juliette

MVHP, MS a9045
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine

a) « pire ».
b) « puisse ».

Notes

[1À élucider.

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