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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 septembre [1837], lundi matin, 9 h. ¾

Bonjour, cher vilain petit homme. Pourquoi n’êtes-vous pas venu cette nuit, dites ? Non ne le dites pas, je vais le dire [1]. Parce que vous avez travaillé toute la nuit comme un misérable et que vous n’avez pas songé un seul instant que le premier besoin de la Juju était de vous endormir dans ses bras. Voilà pourquoi. Et voilà pourquoi aussi vous êtes le meilleur et le plus généreux des hommes, et pourquoi je vous adore.
Il fait bien beau temps aujourd’hui. Est-ce que tu ne viendras pas de bonne heure ? Non pas pour sortir, quoique nous l’ayons solennellement promis à Claire, mais pour te voir, pour baiser tes pauvres yeux fatigués et pour te donner toute mon âme dans un souffle. Je ne sais plus où mettre mes lettres, c’est-à-dire les vôtres [2]. Vous vous en souciez si peu qu’elles s’amassent les unes sur les autres au risque de s’étouffer. Car chacune d’elle est lourde de fautes de français et d’amour. Il faudra que vous ayez la bonté de me donner un coffre très fort pour les mettre dedans. Alors je vous écrirai tous les jours autant de fois que j’en aurai besoin sans m’inquiéter de l’endroit où je placerai tout cela. Je t’aime, je t’aime. Tu es mon pauvre adoré. Viens vite pour que je te le dise bien tendrement avec la langue, les yeux et l’âme. Jour pa, jour man. J’ai de quoi régaler Toto [3] et Dédé. Claire a été bien gentille à cet endroit et je l’aime pour ça.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16331, f. 205-206
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein


25 septembre [1837], lundi soir, 10 ha.

[…]
gros baisers et tout sera dit et nous serons deux bons amoureux comme autrefois. Tu vas revenir bientôt, n’est-ce pas ? J’ai bien besoin de vous demander pardon de tous mes TRINES. Et puis nous souperons ensemble, et puis nous nous coucherons, et puis… et puis [cinq ou six mots illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16331, f. 207-208
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) Les trois premières pages de la lettre, dont l’encre s’est [ou a été ?] effacée presque intégralement, sont illisibles. Seuls quelques mots épars peuvent être déchiffrés, qui ne suffisent pas à faire sens. Nous ne transcrivons donc que ce qui peut être lu de manière cohérente à partir de la dernière page.

Notes

[1Citation tirée d’une réplique de Rodolfo dans Angelo. Elle vient naturellement compléter la phrase précédente qui reformule implicitement celle que l’on trouve dans la pièce juste avant la phrase citée, de même qu’elle laisse entendre, sans que Juliette ait besoin de l’écrire, la suite de la réplique : « Où avez-vous passé les exécrables heures de cette journée, dites ? Non, ne le dites pas. Je vais le dire. Ne répondez pas, ne niez pas, n’inventez pas, ne mentez pas. Je sais tout ! je sais tout vous dis-je ! » (Journée III, Partie II, scène 3).

[2Juliette, à cette époque, n’adresse pas ses lettres à Hugo par la poste ni en envoyant chez lui sa servante : elle dépose ses lettres quotidiennes dans une boîte chez elle, que Hugo relève quand il lui rend visite.

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