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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mars 1839

21 mars [1839], jeudi midi

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour mon petit homme ; je vous écris levée et toutes mes fenêtres ouvertes, je pense que vous n’y trouverez pas à redire, vieux soupçonneux ? J’ai fort mal dormi, cependant j’avais marché, ainsi je ne peux pas attribuer mon insomnie au défaut d’exercice et vous avez le droit de ne pas tenir compte de mes réclamations quand je vous demande à sortir sous ce prétexte. Bonjour, je vous aime. Je ne vous ferai pas remarquer que vous n’êtes pas venu ce matin, car vous devez être ennuyéa et blasé sur de pareilles remarques qui vont bien pendant trois centb soixante jours de l’année. D’ailleurs, il y a des choses qu’on ne doit pas se reprocher en amour : c’est L’INDIFFERENCE, car il est évident que cela ne dépend pas de soi. Aussi je me résigne à souffrir en attendant que je sois arrivée au même point que vous. J’ai bien peur que ce ne soit jamais. Tu ne t’es lavé les yeux qu’une fois hier, il me semble que tu devrais compenser cette négligence aujourd’hui en te les lavant plusieurs fois, ce serait une occasion pour moi de te voir plusieurs fois et qui ne te coûteraitc pas grand-chose. Enfin, je désire que tu sentes le besoin de soigner tes pauvres yeux que je baise et que j’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 287-288
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « ennuié ».
b) « cents ».
c) « couterais ».


21 mars [1839], jeudi soir, 6 h.

Me voilà comme tu le désires, mon cher adoré, bonne et charmante, et surtout bien convaincue que tu es le meilleur et le plus généreux des hommes. Oui, tu es bon, oui, tu es admirable, oui, je t’aime, oui, je t’adore oui, oui, oui. Il ne nous manque pour être parfaitement heureux qu’un bon caractère à MOI. J’y fais tout mon possible mais malheureusement mes efforts ne sont pas couronnés de succès. Pourtant je t’aime de toute mon âme, pourtant je t’adore, pourtant tu es la pensée et le but de toutes mes actions et de toute ma vie. Enfin pardonne-moi mes inégalitésa et l’irritabilité de ma nature en faveur de la passion si vraie et si profonde et si fidèle que je ressens pour toi. Aieb pitié de moi, mon adoré, car je souffre plus que toi de mon mauvais caractère. Pardonne-moi de ne savoir pas supporter le soupçon sans impatience. J’ai lu à ces deux dames les vers de ton espion [1] et je t’assure qu’ils ont fait de l’effet et en réalité ils ne sont pas mal du tout. Mais aussi tu les as inspirés, c’est tout dire. Ce n’est pas une fadaise banale que je veux dire par là mais le fond de ma pensée et de mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 289-290
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « inégalitées ».
b) « Aye ».

Notes

[1À élucider.

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