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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 mars 1839

6 mars [1839], mercredi, midi ¾

Bonjour mon cher petit homme, bonjour mon pauvre bien-aimé. Je t’écris toutes les fenêtres ouvertes parce que j’ai mal à la tête et que l’air me fait du bien.
Jour, mon Toto, jour. Je ne compte plus du tout sur le Régnier mais je suis sûre en revanche que tu ne m’apporterasa rien à lire ; aussi je vais envoyer au cabinet de lecture chercher la première ordure venue. Toto, je vous aime, Toto, je vous adore. Je suis triste en pensant à votre nuit et je voudrais déjà avoir l’argent du théâtre pour te dispenser de cette torture au moins pendant quelques jours. Mme Krafft ne m’en parle pas et nous sommes aujourd’hui le 6. Les créanciers vont me tomber sur le corps, c’est toujours désagréable parce qu’au lieu de les voir une fois, on les voit deux. Il est probable que le théâtre aura ajourné le paiement de mes appointements, mais moi, je n’en persévère pas moins à ce qu’ils me soient payés ; ce n’est après tout qu’une bien mince réparation du tort qu’ilsc me font et de leur conduite envers toi. D’ailleurs j’ai besoin que vous veniez déjeuner avec moi plusieurs jours de suite. Je vous aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 231-232
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « m’apporterai ».
b) « qu’il me soit payés ».
c) « qu’il ».


6 mars [1839], mercredi soir, 6 h. ½

J’avais compté sans mon AUTRE [1], mon Toto, quand je croyais que vous me mèneriez ce soir à ANGELO [2]. Au reste c’est toujours ce qui m’arrive quand je désire un bonheur ou que j’espère un plaisir. Ce n’est pas ma faute : pouvez-vous en dire autant, vous ? Avec votre permission, je vais écrire à Mme Guérard que vous consentez à ce qu’elle m’envoie des étoffes à voir si son occasion se présente. Je vous remercie d’avoir songé à m’apporter des livres, c’est d’autant plus gentil à vous que vous êtes très occupé. Je vous aime, mon Toto, et j’apprécie de toute mon âme la moindre de vos attentions, même celle qui consiste à me faire changer vos billets de 500 francs !!!!!!a Papa est bien i. Voime voime. Oh !, là, là, là j’ai bien mal à la tête. C’est pas juste puisque je dois passer ma soirée toute seule au coin de mon feu comme un pauvre vieux chien galeux. Bonjour, comment que vous vous portez ? Je n’ai pas eu le temps d’avoir la réponse, vous vous éclipsez si vite qu’on n’est jamais bien sûr si on vous a vu. Tout ce qu’on sait c’est qu’on vous désire et qu’on vous adore, du moins voilà ce que je sens.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 233-234
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) Les points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.

Notes

[1Jeu de mots avec « Compter sans son hôte » : compter sans les interventions extérieures indépendantes de sa propre volonté.

[2Angelo tyran de Padoue est repris pour 4 représentations à la Comédie Française en 1839.

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