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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 12 fév[rier] [18]63, jeudi après-midi, [4 ?] h. ½

Toi seul, mon grand bien-aimé, sais être bon en tout temps et en toute circonstance ; c’est pourquoi tu étais si doux, si patient et si généreux hier avec moi pendant que j’étais si méchante, si irritable et si injuste. Je voulais t’en demander pardon sur le champ dans la nouvelle RESTITUS que je voulais t’écrire mais mon mal de tête ne l’a pas permis jusqu’à présent. Encore en ce moment j’ai toute la peine du monde à mettre mes pattes de mouche l’une devant l’autre tant je souffre. Cependant j’espère que la crise touche à sa fin car voici mes mains qui enflent et qui rougissent ce qui est le signe habituel d’une bonne réaction. En attendant je n’ai pas voulu laisser la journée s’achever sans te donner mon cœur avec tout ce qu’il contient de tendresse et d’amour, de vénération et d’adoration. Je ne te demande pas pardon, mon pauvre adoré, je fais mieux, je t’aime avec un redoublement d’attendrissement et d’admiration, tu vois du reste que je suis une honnête Juju et que je te rends restitus pour restitus. Celle d’hier d’ailleurs n’était pas autrement regrettable car elle ne contenait que ce que contiennent toutes les précédentes à commencer par la toute première : le mot je t’aime est CLICHÉ dans mon âme pour l’éternité. À quelque moment de ma vie que je te le dise je n’en saurai varier la formule : je t’aime, je t’aime, je t’aime, voilà pour mon cœur la loi et LES PROPHÈTES. Je ne sais plus rien avant, pendant et après. Cher adoré, je t’ai entendu et vu fermer ta fenêtre tout à l’heure, cela me donne l’espoir de te voir bientôt. J’ai reçu une bonne lettre de ma cousine qui me parle de toi avec une admiration tendre qui me fait désirer plus que jamais de l’avoir auprès de moi pour étayer ma vie que je sens bien usée. Il me semble qu’à nous deux nous pourrions t’être efficacement dévouées et utiles, Dieu veuille que nos projets à ce sujet réussissent. En attendant je te suis bien reconnaissante de t’y prêter avec tant de bonté et tant de bonne grâce. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 38
Transcription de Chantal Brière

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