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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 décembre [1844], dimanche soir, 6 h. ¼

J’étais en retard ce matin, mon cher bien-aimé ; et je t’avais demandé crédit jusqu’à ce soir, pensant bien que tu ne me refuserais pas. Je ne me suis pas trompée, je l’espère. Tu es digne de cette MARQUE DE CONFIANCE et je te l’ai donnée.
Je viens de voir Mme Luthereau qui a fait des folies comme toujours. J’espère cependant pour elle que c’est une occasion, un échange de bric et de broc qu’elle aura fait sans dépenser d’argent. Enfin voilà elle m’a apporté une garniture de toilette presque complète en porcelaine anglaise. Plus un petit album de musique pour Claire. Je t’avoue que je n’ai pas pu m’empêcher de manifester du mécontentement en voyant cela. Elle a parua peu satisfaite de mon accueil mais en vérité je l’aime trop pour ne pas blâmer de pareilles folies dans sa position. Enfin c’est fait et je ne peux plus l’empêcher maintenant. Le parrain a envoyé un sac de bonbons Manière et de mauvais goût, le sac, car je n’ai pas vu encore les bonbons qui sont dedans. Celui-là ne s’est pas ruiné et reste dans des limites parfaitement raisonnables, ce dont je l’approuve. Du reste, Mme Luthereau est dans le ravissement de son livre [1] et de sa corbeille, son livre surtout. Elle en a même baisé l’autographe dans son enthousiasme pour la RELIURE. Je ne veux pas vous donner de fatuité. Je n’ai PAS BESOIN moi de faire des réclames en faveur des FAUMES passionnées qui vous adorent. Vous savez bien assez les découvrir sans que je vous y aide. Taisez-vous, scélérat, vous savez bien que c’est vrai. Taisez-vous et baisez-moi. Hum !… Que je vous y prenne et puis vous verrez ce que je ferai.
Cher petit bien-aimé, est-ce que je ne vous verrai pas bientôt ? Je t’ai bien peu vu tantôt, mon adoré bien-aimé, est-ce que je ne te verrai pas tout à l’heure avant ton dîner ? Ce sera bien CHESSE pour un dimanche. Tâche de venir, mon petit bien-aimé, tu me combleras de joie. En attendant, et pour me faire prendre patience, je regarde tes deux ravissants petits portraits et je pense à ma chère petite lettre d’étrennes. Quel bonheur de recevoir, de lire, de baiser et de dévorer tes sublimes petites pattes de mouches. Je voudrais y être quitte à me quadragénérer de trois jours de plus et à m’engriffagner encore davantage. C’est si bon une lettre de toi ! Il n’y a que toi qui sois plus doux, plus charmant et plus adoré qu’elle. J’en aurai une dans trois jours. QUEL BONHEUR !!!!!!!

Juliette

BnF, Mss, NAF 16357, f. 203-204
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « parue ».

Notes

[1Elle a reçu de la part de Juliette un exemplaire illustré et relié de Notre-Dame de Paris offert par Victor Hugo (édition Furne de 1840).

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