14 décembre 1858

Guernesey, 14 décembre 1858, mardi matin, 9 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour sur tes yeux, sur tes lèvres, dans ton cœur et dans ton âme, bonjour. Avez-vous bien dormi, mon cher petit homme ? J’espère que oui. J’espère aussi que tu n’attendras pas qu’un accident se produise pour t’informer sérieusement de ce qui peut les prévenir. Ainsi, Vacquerie pourrait voir M. Louis et lui expliquer ce que tu as eu et ce qu’est le climat de l’île, pourvu toutefois qu’il ne se laisse pas aller à de trop grandes prétentions et à de trop grandes exagérations dans sa façon de présenter les choses. D’autre part^a, il serait bon de voir tout de suite le fameux médecin local ! Tu en as le prétexte tout trouvé. Ainsi, mon cher petit homme, tu n’as plus qu’à prendre sur toi d’y aller le plus tôt possible. Aujourd’hui même, ne fût-ce que pour n’avoir plus à y songer et pouvoir comparer tout de suite son opinion avec celle de Laussedat. Si quelques précautions préventives peuvent être nécessaires pour t’empêcher le retour de ton affreuse maladie, c’est à coup sûr en ce moment pluvieux et brumeux. Aussi, mon bien-aimé, au risque de t’en faire une scie et de t’impatienter en te rappelant à satiété ce qu’il faut que tu fasses pour nous rassurer tous, je le ferai tant que tu n’agiras pas dans ce sens. Je te fais souvenir encore que tu n’as plus que deux jours pour le livre du docteur afin que tu le dises à Charles. Hélas ! J’ai grand peur que tout ce bourdonnement, plus zélé qu’ailé, ne fasse pas avancer d’un pas votre coche empêtré dans le travail et le reste. Ce qui ne m’empêche pas de continuer mes zon, zon, zon et je vous aime à sang et eau.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 347
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

a) « pars ».