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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 septembre 1858, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon pauvre endolori, bonjour de tout mon cœur et de toute mon âme, bonjour. Comment as-tu passé la nuit, mon cher petit homme ? J’attends de tes nouvelles avec toute l’impatience que me donne le désir ardent de te savoir guéri. J’espère que le repos de la nuit aura calmé et détendu l’induration qui te faisait souffrir hier. Je serai bien heureuse si tu m’apportes de vraies bonnes nouvelles. En attendant il se prépare une admirable journée aussi douce et aussi pure que les deux dernières. C’est grand dommage que nous ne puissions pas en profiter dans toute son extension par monts et par maux, à pied et à patte, sur la terre et sur l’onde, mais il faut être prudent pour ne pas retarder d’une minute ton entière et complète délivrance. Aussi, au lieu de courir la prétentaine, je te conseille de te reposer et de t’étendre le plus que tu pourras sur le matelas. En attendant, mon adoré, j’entasse gribouillis sur gribouillis et le Pelia de mes pataquès sur Ossion [1] de ma stupidité et mon cœur sur mon âme sans pouvoir arriver au faîte de mon amour qui me dépasse de toute la distance de la terre au ciel.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 262
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Il s’agit des noms des deux montagnes grecques empilées par les géants pour escalader l’Olympe selon la mythologie. « Entasser Pélia sur Ossion » signifie enchaîner les tâches difficiles.

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