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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 30 août 1858, lundi matin, 7 h. ¾

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour de pied en capa si vous en êtes capable, mon cher petit boiteux, bonjour à boc et à bac, à cœur et à âme que vous le puissiez ou non ; bonjour, je vous aime. J’espère que tu auras passé une meilleure nuit que moi qui n’ai peut-être pas dormi trois heures dans toute la nuit. Je ne sais pas ce qui a pu me causer cette agitation à moins que ce ne soit mon tête à tête de deux heures avec cette bonne petite Mme Marquand dont le mari est à Jersey à ce qu’il paraît. Quel qu’en soit le motif, j’ai toujours passé la nuit blanche mais je m’en consolerai bien vite si tu vas bien, si tu as bien dormi, si ta pauvre jambe va mieux et si tu m’aimes. Quelle joie le jour où nous pourrons aller devant nous appuyés l’un sur l’autre. C’est au moment d’atteindre le but désiré qu’on ressent plus d’impatience. C’est ce qui m’arrive dans ce moment-ci. Je sais que d’une heure à l’autre, tu peux te trouver entièrement guéri et pourtant mon âme s’agite comme si ce moment désiré était encore douteux et loin de nous. Heureusement, ce n’est qu’une illusion de mon impatience. En attendant, je t’aime, mon Victor, et je voudrais te le dire avec des paroles qui n’auraient jamais servib à d’autres humains pour exprimer leur amour banal. Je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 247
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « cape ».
b) « servis ».

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