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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 août 1858, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher adoré, bonjour dans ton cœur, dans ta santé, dans ton bonheur, bonjour. Moi je me lève comme je me suis couchée avec un mal de tête hideux qui me rend idiote à plus grande dose encore que de coutume. J’espère que tu auras mieux mis à profit le repos de ta nuit que moi, mon cher bien-aimé, et que tu vas tout à fait bien ce matin. Cette pensée me fait du bien et me donne le courage de souffrir avec plus de patience pour être encore plus ferme sur mes jarrets ; je vais m’occuper de tout préparer pour te recevoir tantôt. Attrapéea, migraine, j’amènerai Robert-Toto [1] et je me ficherai de vous. À propos de Robert, je voudrais bien que tu aies l’occasion d’inviter le brave docteur [2] de ma part, à dîner avec nous demain. Il est si discret que je n’ai pas osé risquer mon invitation dimanche soir, surtout devant les Préveraud que je ne pouvais pas inviter pour ce jour-là, pour ne pas te fatiguer, mais je crois que si tu lui témoignais le désir de diner avec lui demain, qu’il en serait si flatté qu’il accepterait sans scrupule. En attendant, je ne vous invite pas, je vous adore, ce qui est pire.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 234
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « attrappée ».


Guernesey, 17 août 1858, mardi soir, 8 h.

Je suis triste, mon pauvre bien-aimé, car je sens que tu l’es toi-même. Je crains que toutes ces petites tracasseries de chiens et de chats ne t’agitent plus qu’elles ne valent. Tâche, mon cher bien-aimé, d’avoir encore un peu de patience dans l’intérêt de ta santé d’abord et par-dessus tout, et pour donner le temps à toutes ces folies de revenir à la raison. J’espère que déjà ton Charles aura reconnu les absurdités de sa passion canine et que Mlle Allix ira au-devant de toutes les incongruités de son petit chien en le gardant chez elle et en lui donnant des leçons de propreté à domicile. En attendant, l’important est que tu ne te fasses pas de mal pour tous ces petits [tracas  ?] domestiques, je t’en prie, je t’en supplie, mon bien-aimé. Je ne sais pas au juste ce que je te gribouille car ma migraine fait rage dans ce moment-ci et m’empêche de voir ce qui s’est passé dans mes idées. Tout ce que je sens, en dépit d’elle, c’est que je t’aime de toute mon âme et que je ne veux pas que tu sois malade ni malheureux, mon Victor adoré, soigne-toi, dors-bien, je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 235
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le 12 octobre 1851, Juliette Drouet écrit déjà à Victor Hugo : « ATTRAPÉ ! et j’amènerai Robert si vous dites un mot ». S’agit-il d’une allusion à Robert Macaire, le bandit de théâtre incarné par Frédérick-Lemaître ?

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