Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1858 > Août > 8

8 août 1858

Guernesey, 8 août 1858, dimanche, 7 h. ½ du m[atin]

Bonjour, mon doux adoré, bonjour et santé, bonjour et amour, bonjour et bonheur pour toi, mon ineffable adoré. Je me suis déjà occupée de ton déjeuner, mon pauvre petit convalescent en commençant d’éplucher la rhubarbe pendant que Suzanne dispose son four. Il me semble, en m’occupant sans cesse de toi que le fil électrique de nos deux âmes est en communication plus directe avec toi et que tous ces soins vulgaires se traduisent en sublimes émotions dans ton cœur. Tu paraissais un peu fatigué hier en me quittant mais j’espère que tu ne t’en ressens plus ce matin et que tu as passé une bonne nuit. En attendant que j’aie de tes chères nouvelles, je prépare tout dans mon petit intérieur pour te recevoir à midi. Jusque-là, cher bien-aimé, je ne pense qu’à toi, je prie pour toi et je t’aime de toutes mes forces.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 216
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 8 août 1858, dimanche soir, 7 h.

Cher adoré, je ne peux pas me défendre d’un accès de tristesse et de serrement de cœur chaque fois que je te quitte. Je ne sais pas pourquoi mon inquiétude recommence en te perdant de vue, puisqu’il est certain que tu vas mieux de jour en jour et que tout danger a disparu ? Malgré cela mes craintes persistent pendant ton absence et je me sens si malheureuse que j’ai toutes les peines du monde à me retenir de pleurer. Il m’a semblé que tu étais moins bien ce soir et que ta faiblesse était encore plus grande que ces jours derniers. Était-ce nouvelle souffrance ou plus grande fatigue de la journée ? Tu ne me l’as pas dit mais je m’en tourmente sans pouvoir m’en empêcher. Quand donc pourrai-je t’aimer sans toutes ces tristes préoccupations, mon pauvre adoré ? Le jour où tu seras tout à fait guéri sera une vraie délivrance pour mon cœur inquiet, tâche que ce soit bientôt. Pour cela, soigne-toi bien et aime-moi un peu. Je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 217
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne