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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 août 1858

Guernesey, 4 août 1858, mercredi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, toi, mon bonheur, bonjour avec tous les bonjours que j’ai accumulés depuis bientôt trois semaines dans le fond de mon cœur sans pouvoir t’en donner un seul en chair et en os. Bonjour cette fois-ci et bientôt avec toutes les tendresses de mon âme. Kesler m’a fait espérer que tu viendras de bonne heure. Je vais donc tout préparer pour te recevoir et n’avoir plus à te quitter pendant le temps, toujours trop court, que tu resteras avec moi. Je pense que le docteur viendra en sortant de chez toi me donner ton dernier bulletin et j’en profiterai pour lui demander ce qu’il y a à faire dans la journée pour tes pansements et pour le MENU de ton petit dîner. Je voudrais que toute ma joie se traduise en santé pour toi aujourd’hui. Je regrette de ne pouvoir pas te donner mon cœur à manger au lieu d’un poulet maigre. Tiens je suis folle de joie. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 208
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 4 août 1858, mercredi midi

a
Enfin, enfin, enfin, mon cher bien-aimé, je touche au moment béni de te revoir [1]. Je suis si heureuse que les mots me manquent pour te le dire en même temps que la respiration. Ô mon cher adoré, comment ai-je pu vivre si loin et si longtemps séparée de toi ? Il y a trois semaines, j’aurais cru ce sacrifice au-dessus de mon courage et de ma patience et aujourd’hui, je me prends à avoir presque peur de te revoir TROP TÔT tant ma sollicitude s’effraie à l’idée d’une imprudence qui augmenterait ou prolongerait tes souffrances à peine amorties. Cependant, le bon docteur m’assure qu’il n’y a aucun danger pour toi dans ce petit trajet de chez toi à chez moi, mais j’ai été si malheureuse pendant tout le temps de ta maladie, mais je t’aime tant que mon cœur et mon âme ne savent auquel entendre. Mon bien-aimé, mon bien, ma joie, ma vie, mon bonheur, sois prudent, je t’adore. À tout à l’heure, mon âme.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 209
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette
[Guimbaud, Souchon]

a) Deux croix ont été ajoutées d’une autre main sur le manuscrit.

Notes

[1Hugo dîne chez Juliette, malgré l’interdiction médicale de toute marche longue (CFL, tableau synchronique, tome X, p. 1574).

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