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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 septembre [1844], lundi, midi ½

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon ravissant petit Toto, bonjour, mon âme, ma vie, ma joie, mon ciel, mon tout. Bonjour, je t’aime. Je t’aime, mon Victor adoré, je t’aime, je t’aime, ô oui je t’aime. Je passe ma vie à t’aimer et à te le dire, des yeux, de la pensée, des lèvres et du cœur. Comment vas-tu, mon cher amour ?

1 h. ¼

J’étais en train de t’écrire, mon bien-aimé, lorsque j’ai eu la visite de Mme Guérard. Elle arrive de Londres et elle repart ce soir, dit-elle, pour Provins. Elle vient de s’en aller au moment où l’orage éclatait. Je lui ai donné les 10 F. acompte. Demain ce sera le tour de Granger et puis après je te donnerai les 170 F. dont tu as besoin. Il me sera difficile de t’en donner davantage par exemple, à moins de me mettre tout à fait à chesse et tu es trop bon pour l’exiger. Voime, voime, c’est bien vrai.
Pauvre ange adoré, souris-moi pour que j’oublie toutes les choses tristes et douloureuses de ta vie et de la mienne. Aujourd’hui j’ai mon pauvre cœur bien noir et bien triste. Hélas ! je me souviens [1]………….. Ô, je t’aime, ne souffre pas.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 137-138
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette


9 septembre [1844], lundi soir, 8 h. ½

Je suis bien fâchée, mon Toto chéri, de n’avoir pas pu sortir avec toi tantôt. Mais tu as vu le temps qu’il a fait. Si tu viens ce soir assez tôt et qu’il ne pleuve pas, je serai bien heureuse de sortir avec toi. En attendant, je vais te désirer et t’aimer de toutes mes forces et de tout mon cœur. Clairette travaille à force et moi je ne fais rien. Mon œil d’ailleurs me gêne beaucoup ce soir. Je n’y vois presque pas. Jusqu’à présent, ton remède ne m’a pas soulagée. Peut-être faut-il que ce soit ainsi mais il me ferait plutôt plus de mal que moins depuis deux jours. Si tu le permets, je te prendrai un peu de ton eau ce soir pour me bassiner l’œil. D’ici là, n’oubliez pas, mon amour, que vous avez remporté votre grenouille et que je n’ai plus rien à vous. Je tiens beaucoup à constater ce fait intéressant parce que, avec les distractions que vous avez, vous être très capable de l’égarer et de me la réclamer deux fois.
Pauvre bien-aimé, baise-moi et tâche de venir bien vite. Tu sais que je n’ai pas d’autre joie au monde que de te voir. Viens donc le plus tôt que tu pourras et pense à moi de loin. Je le sentirai et cela me fera du bien à mon pauvre cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 139-140
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Un an auparavant, Léopoldine Hugo est morte. L’accident fatal survient le 4 septembre alors que Victor Hugo et Juliette Drouet sont en voyage. Ils apprennent la nouvelle le 9 septembre, en lisant le journal.

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