Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1844 > Août > 27

27 août [1844], mardi après-midi, 3 h. ¾

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon cher bien-aimé adoré, bonjour, comment que ça va aujourd’hui ? J’espérais que la curiosité t’aurait fait venir un peu plus tôt aujourd’hui. Il paraît que tu ne l’as pas pu. Je t’attends pour conclure. J’ai même là un projet de bail que je ne peux ni approuver ni désapprouver tant que tu ne l’auras pas vu. J’ai fait de mon mieux et je me suis engagée, dans le cas où la locataire se trouverait en couche au moment du déménagement, à lui laisser le temps de se rétablir. Il n’y avait pas moyen de louer pour janvier sans cette concession et on ne voulait pas davantage louer pour avril. Du reste, ces gens se sont engagés vis à vis le propriétaire à ne pas abuser du procédé et à ne prendre que les jours strictement nécessaires au rétablissement de la femme. Voilà, mon cher mignon, ce que je me suis permisa de faire à moi toute seule. Si j’ai outrepasséb mes droits, vous en serez quitte pour ne pas ne pas donner votre consentement et tout sera dit. On vient d’enlever l’écriteau de la porte et j’ai donné le denier à Dieu. Voilà, mon amour, où en sont les affaires depuis ce matin. Tout cela ne fait pas mon compte parce que je ne vous vois pas. Aussi, vous voyez que je ne pousse pas mon rugissement traditionnel : – Quel Bonheur !!! Rien dans le monde, pas même la perspective d’un petit jardin, ne peut me faire sourire si je ne vous vois pas. Vous savez bien que c’est ainsi n’est-ce pas ? Et cela ne vous étonne pas le moins du monde. Pourtant, vous n’en venez pas plus vite. Mon cher petit Toto, tu travailles, peut-être même t’occupes-tu en ce moment de trouver l’argent de ce bail ? Pauvre adoré. Aussi je ne te gronde pas, je me plains parce que c’est plus fort que moi. J’ai besoin de te voir, j’ai besoin de ton sourire, j’ai besoin de tes baisers. Tu es le soleil qui réchauffe mon cœur, la lumière qui m’éclaire, tu es mon bonheur et ma vie. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Tâche de venir bien vite, je t’attends.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 101-102
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « permise ».
b) « outre passé ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne