8 janvier 1879

Paris, 8 janvier [18]79, mercredi matin, 7 h.

Cher bien-aimé, je n’ose pas te demander comment tu as passé la nuit tant je crains qu’elle n’ait été qu’une longue insomnie comme toutes les dernières que tu viens de passer. J’aime mieux supposer que tu es en plein sommeil en ce moment-ci et je te supplie de le continuer toute la matinée et au-delà si tu peux. Je viens de copier ta bonne petite lettre adressée au maire de ton arrondissement avec l’envoi de cinq cents francs pour les pauvres de ton arrondissement. C’est une bonne action et une bonne petite lettre dont Dieu et Monsieur le Maire te tiendront^a compte au ciel et sur la terre. Seulement je regrette que, sans t’en apercevoir, tu aies pris la chemise jaune du cahier de papier à lettres blanc, pour l’écrire. Après cela, peu importe, la couleur du papier pourvu que la bonne intention soit blanche et bénie et elle l’est j’en suis sûre.
Quelle bonne soirée nous avons passée^b hier grâce à toi et à tes adorables petits-enfants ! Sans compter les effusions d’admiration, de vénération et d’adoration que t’avait apportées^c ton cher Paul Meurice dans la journée à propos de LA PITIÉ SUPRÊME. J’espère que nous ne serons pas moins heureux aujourd’hui et ce soir et je m’y prépare dès à présent en t’adorant.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 8
Transcription de Chantal Brière

a) « tiendrons ».
b) « passé ».
c) « apporté ».