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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 juin 1848

11 juin [1848], dimanche matin, 8 h. ½

Bonjour, mon petit Toto, bonjour, mon aimable représentant, bonjour, qu’on vous dit et vous ? Est-ce que vous êtes déjà levé ? Quel gouvernement avez-vous donc à fouetter dès le matin et un dimanche ? Ne serait-ce pas plutôt quelque Bourel ou quelque Chaumontel femelles ? Je crois que je suis dans le vraia et que votre politique consiste à trousser plus de femmesb que d’affaires. Que j’acquièrec cette certitude physique et morale et vous verrez de quelle république il retournera. En attendant je fais la plus piteuse figure de Juju qui soit car je m’aperçois que j’ai été indignement flouée par un ex-membre de l’ex-Chambre des Pairs, ex-vicomte de l’ex-aristocratie. Si jamais je parviens à reprendre le haut du pavé, il verra l’usage que j’en ferai. Jusque-là je reste dans ma peau de Juju mystifiée. Taisez-vous à votre tour et ne me parlez pas quand j’écris. Rendez-moi mes huit sous que j’ai avancés tout à l’heure pour vous et donnez-moi ma fontaine si vous ne voulez pas absolument que je crois que c’est encore un conte tricolore comme tous les autres.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 241-242
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « le vraie ».
b) « plus de femme ».
c) « j’acquierre ».


11 juin [1848], dimanche midi

Certainement j’irai toute seule à la Chambre et tousa les neuf jours puisqu’il y a pas moyen d’y aller plus souvent. Quant à vous accompagner jusqu’à la porte, cela doit être possible tous les jours si vous n’y mettez pas de mauvaise volonté et des commissions impossibles et invraisemblables à des heures fabuleuses et plus qu’indues. D’ailleurs j’irai m’en informer à la Chambre même et malheur à vous si vous m’avez trompée. Avec tout cela qu’est-ce que vous faites aujourd’hui vilain [illis.] ? Est-ce que je ne vous verrai pas un peu dans la journée ? Cependant vous savez si je vous aime et si j’ai d’autres joies au monde que celles que vous me donnez. N’en soyez donc pas si économe, mon cher petit homme et venez lire vos journaux auprès de moi, je ne vous en demande pas davantage pour le moment. Je me contenterai de vous regarder sans vous parler mais encore faut-il que je puisse vous voir et vous baiser des yeux. Mon cher petit homme adoré je t’en prie tâche de venir tout à l’heure pour que je sois heureuse et que je bénisse Dieu. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 243-244
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « tout ».

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