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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mars 1846

29 mars [1846], dimanche matin, 11 h. ½

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour mon adoré, bonjour. Ainsi que j’en étais convenue avec toi je suis allée voir ma fille ce matin. Je suis sortie de chez moi à 8 h. et quelques minutes pour aller prendre l’omnibus. Arrivée à la Bastille, on me dit qu’il faut attendre une heure avant l’arrivée de la première voiture. Ce que voyant, et la pluie commençant de tomber, je suis montée dans un cabriolet mylord que j’ai pris à l’heure. J’ai trouvé Mme Marre qui m’attendait parce qu’elle m’avait fait dire, du moins elle pensait qu’on ferait sa commission, par le domestique de M.  Pradier de venir le plus tôt possible, chose que le brave homme n’a pas faite. L’insistance de Mme Marre à me voir promptement venait d’une crise nerveuse que ma fille avait éprouvée le soir et qui l’avait très fort effrayée. Du reste le médecin me paraît pas y ajouter l’importance de Mme Marre et croit que ce ne sera rien et qu’avec des frictions locales et des vésicatoiresa volants à la rigueur on aura raison de cette névralgie. Quant à moi je l’ai trouvée très bien et très rassurée, Claire. Elle croit même qu’on n’aura pas besoin de recourir aux moyens que je viens de t’indiquer. Elle attend son père aujourd’hui qu’elle a fait prier de venir la voir par Charlotte. Quant à venir chez moi Mme Marre m’avait prévenue d’avance que Claire paraissait ne pas le désirer et même le craindre en donnant pour raison qu’elle aurait plus de distraction à la pension. D’un autre côté, Claire que j’ai sondée à ce sujet m’a dit qu’elle désirait rester parce que Mme Marre attendait une inspectrice de l’Université et qu’elle craindrait de la désobliger en sortant dans ce moment-là. Il résulte de tout cela qu’il leur convient mieux à toutes les deux pour un motif ou pour unb autre, de rester ensemble. Et comme jusqu’à présent je ne vois rien de grave et d’alarmant dans l’état de ma fille, je n’ai pas insisté pour l’emmener. Voilà, mon Victor adoré, le récit très embrouillé de ma visite à Saint-Mandé. Demain j’y enverrai Suzanne et puis j’irai la voir cette semaine entre deux ondées. Je suis revenue à 10 h. ¼ chez moi par une pluie battante, après avoir dépensé 2 h. de voitures. Je suis très contente que le domestique de M. Pradier se soit dispensé de faire sa commission hier car cela m’aurait beaucoup inquiétée. Maintenant je crois qu’il n’y a vraiment pas de quoi et puis mon Victor adoré je t’aime de toute mon âme et je te baise de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 319-320
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

a) « vésiscatoires ».
b) « une ».

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