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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 10 oct[obre 18]78, jeudi matin, 6 h.

Bonjour, mon grand, grand, grand bien-aimé. Je t’adore, sois béni.
La pluie et la tempête continuent, et je crains pour nos chers amis [1], s’ils doivent partir forcément aujourd’hui, que leur traversée ne soit bien longue et bien mauvaise. Le sage serait d’attendre que la mer se calme, au risque de passer encore un jour ou deux avec nous, dure extrémité, que nous mettrions à profit pour notre bonheur particulier et collectif. Je vais envoyer savoir tout à l’heure ce qu’ils ont décidé. En attendant, je vais m’habiller pour pouvoir leur dire au revoir, s’ils persistent à nous quitter.
J’espère que, malgré l’agitation de cette nuit, tu n’en as pas moins bien dormi et que tu dors encore en ce moment. Quant à moi, j’étais si fatiguée que je me suis indulgée [2] d’un fort somme de quatre heures en bloc, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Aussi suis-je toute ragaillardie ce matin et pleine d’espérance. Il dépend de toi que cette espérance de bonheur devienne une réalité bénie. Pour t’y encourager je t’envoie dans un sourire et dans un baiser tout mon cœur et toute mon âme.

Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]

Notes

[1Paul Meurice et ses trois filles.

[2Anglicisme : « to indulge » signifie « donner libre cours à », « se faire plaisir ».

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