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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 février [1848], mercredi matin, 9 h.

Bonjour, mon doux petit homme, bonjour, mon adoré bien-aimé. Comment vas-tu ce matin ? As-tu bien dormi cette nuit ? Moi j’ai pensé à toi, c’est le plus doux contrepoids contre l’insomnie et dont je ne me prive pas, je te prie de le croire. Il pleut averse ce matin. Mais je crois que cela ne m’empêchera pas d’aller à l’assurance. Je n’ai rien à gâter si ce n’est mon BEAU PARAPLUIE et je vois que j’aurai le courage de le sacrifier. Je serai revenue de deux à trois heures. Toujours plus tôt que toi, car tu ne viens jamais avant quatre ou cinq heures. Mon cher petit homme je t’aime. Je t’aime bien plus que le mot ne l’exprime. Je t’aime dans la moelle de mes os et avec toute mon âme. Tout ce que tu fais est bien, tout ce que tu dis est bon, tout ce que tu penses est sublime, toute ta personne rayonne de beauté. Je t’aime, je t’admire et je t’adore. Plus je te le dis et plus mon amour augmente. Loin de me blaser dans ces paroles de tendresse, toujours les mêmes, je me passionne et je m’exalte jusqu’au délire. Je t’aime comme on doit aimer Dieu au ciel. Je baise tes yeux, ta bouche, tes mains et tes pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 55-56
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette


9 février [1848], mercredi midi

Décidemment j’irai à cette assurance, car rien ne me prouve qu’il fera plus beau demain.
D’ailleurs ma toilette ne crainta pas l’averse. Je reviendrai dès que j’aurai fait ma commission. Je n’espère pas te trouver, car tu n’as pas l’habitude de venir de bonne heure. Cependant je me dépêcherai autant que si je devais te rencontrer chez moi en entrant. Et puis d’ailleurs j’ai à TRAVAILLER, sans parler de ma blanchisseuse. Cher petit homme je vous dis que vous êtes mon amour et que je ne veux pas que vous soyez tourmenté et triste. Tout cela s’arrangera plus tôt que tu ne penses, mon adoré, et aussi bien que tu le désires. En attendant il ne faut pas te décourager et ajouter à la fatigue de ton travail les inquiétudes sur l’avenir de ton fils. Tu sais mieux que moi ce qu’il y a à faire pour en arriver à ce moment de transition oùb la raison l’emporte sur la folie, mais ce que tu ne sais pas assez c’est combien ta tranquillité, ta santé et ton bonheur importent à ma tranquillité, à ma santé, à mon bonheur et à ma vie. Quel que soit l’amour que tu me supposesc, celui que j’ai le dépasse du tout au tout. C’est pour cela, mon bien-aimé, que je t’aime avec tant de sollicitude, de tendresse et de passion. Je fais plus que t’aimer, je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16366, f. 57-58
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « ma toilette ne crains ».
b) « ou ».
c) « tu ne suppose ».

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