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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 janvier [1848], mercredi matin, 9 h.

Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour mon sublime adoré. Bonjour, toi que j’aime. Bonjour vous que j’admire. Bonjour joie, santé, gloire et bonheur. Comment vas-tu mon doux bien-aimé ? Cette sublime lecture ne t’a pas trop fatigué hier soir [1] ? J’espère que non. Pourvu que tu te sois couché tout de suite après ton souper et que tu aies bien dormi jusqu’à ce matin. Tu ne te sentiras pas de ce surcroit de fatigue, moi je continue d’être en proie à l’insomnie et depuis cinq heures du matin jusqu’au moment où je me suis levée il m’a été impossible de fermer les yeux. Il est vrai que les allées et venues de chez cette vieille Mme Burgot y ont beaucoup contribué. Je voudrais pour beaucoup qu’elle fût hors de tout danger. Je ne peux pas te dire à quel point ces voisinages de malades et de morts m’attristenta le cœur et l’âme. Cette lugubre préoccupation me suit même jusque dans le moment où je t’écris. Je t’en demande pardon et je te prie de n’y pas faire attention. Je t’aime, mon Toto, je t’aime de toutes les amours et de toutes les affections à la fois. Je voudrais ne vivre uniquement que pour ton service. Je baise tes pieds.

Juliette

MVH, 7840
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « m’attriste ».


19 janvier [1848], mercredi, midi ¾

Le temps est bien beau, mon petit homme, et j’en vais profiter pour aller voir le médecin. Je serai de retour avant que tu ne viennes mais dans le cas où tu me devancerais ce ne serait que de quelques minutes et je te supplie dans ce cas-là de m’attendre si tu peux. Demain je sortirai de bonne heure pour faire des VISITES. Si vous croyez qu’on n’a pas des visites à faire vous vous trompez. Et de plus huppées encore. Attrapéa. Hélas ! Je voudrais rire mais cela s’arrête en chemin. Sans avoir personnellement aucun sujet de chagrin je suis tout endolorie au-dedans. Cela tient à ce qui se passe autour de moi et auquel je ne peux pas m’empêcher de songer. Je fais pourtant tous mes efforts pour en détourner ma pensée sans pouvoir y parvenir. J’espère que de sortir un peu me distraira et donnera le change à toutes ces idées tristes. D’ici là je vais tâcher de ne penser qu’à toi. Jour Toto, jour mon cher petit o, comment vas-tu, comment m’aimes-tu et quand viendras-tu ? Je veux que vous vous portiez toujours bien, que vous m’aimiez de même et que vous veniez tout de suite.

Juliette

MVH, 7841
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « Attrappé ».

Notes

[1On suppose que Victor Hugo a lu la veille à Juliette Drouet quelques passages de Jean Tréjean.

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