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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 août 1841

10 août [1841], mardi matin, 11 h. ½

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour ma joie et ma vie, bonjour toi que j’aime.
Je viens d’envoyer la bonne chez Mme Triger, nous saurons tout de suite si elle accepte ou si elle refuse. Je suis un peu ragnagna ce matin, cela tient à ce que j’ai pleuré cette nuit et que je ne peux plus pleurer sous peine d’être en marmelade le lendemain. J’irai demain à cette représentation comme tu voudras. Je n’irai même pas si tu veux, enfin je ferai ce que tu voudras, mon amour, je te laisse la responsabilité du juste et de l’injuste [1]. Ce que je veux c’est t’aimer et être aiméea de toi, le reste ne me regarde pas.
Il fait beau aujourd’hui, trop beau même pour tes représentations. Mais tu es habitué à cela avec tes pièces, ainsi il n’y a pas à s’en occuper. Le jour où il te plaira de faire jouer tes pièces dans des saisons plus décentes tu n’auras que le petit doigt à lever. Si tu ne le fais pas c’est que cela te convient. Il me convient aussi de t’aimer et de t’adorer depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre et en réitérant jusqu’à ce que Dieu me coupe la musette. Je t’attends, mon amour, et je te désire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 133-134
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « aimé ».


10 août [1841], mardi après-midi, 3 h. ¼

Tu es admirable, mon pauvre ange, de bonté et de dévouement, mais comment ferais-tu pour faire face à tant de choses qui s’accumulent sur toi comme à plaisir ? Laisse-moi, mon adoré, faire ce que je t’ai dit, ce sera une si grande joie pour moi que d’apporter ma petite pierre à ce grand édifice de sacrifice et de dévouement que tu construis avec tant de courage à toi tout seul. Tu ne sauras jamais le bonheur que tu me donneras en acceptant ce petit coup de fouet, ce serait une marque de confiance, d’estime et d’affection dont je te serais reconnaissante toute ma vie, mon bien adoré Victor.
Je viens d’écrire à Mesdames Mme Franque et Mme Triger. J’espère que demain on ne fera aucune difficulté au contrôle pour me laisser entrer, c’est que ça ne serait pas très drôle et me ferait plus que du chagrin. J’ai écrit le et le côté de la baignoire, j’espère que cela suffira.
Je t’aime, mon Toto chéri. Tu avais tes pauvres beaux yeux plus fatigués que d’habitude aujourd’hui. Je t’en prie, mon adoré, repose-toi un peu. Mon adoré, mon Victor bien-aimé, enseigne-moi quels sont les mots, les tendresses et l’adoration qui peuvent avoir de l’influence sur toi, je les emploierai tous pour te faire prendre quelque repos.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 135-136
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Ruy Blas sera repris à la Porte-Saint-Martin dès le lendemain, le 11 août 1841, avec Frédérick-Lemaître et Raucourt, pour de nombreuses représentations. La veille, Juliette a demandé à Hugo la permission d’assister à la première, et en même temps une loge pour Mme Krafft et sa sœur et deux places pour Mme Triger.

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