10 janvier 1878

Paris, 10 janvier [18]78, jeudi matin, 11 h. ½

Il me paraît presque impossible que tu ailles aujourd’hui au Sénat, mon pauvre bien-aimé, car, outre le froid sibérien de ce matin, la neige pelote et se durcit sous les pieds au fur à mesure qu’elle tombe ce qui expose ceux qui marchent dessus à se casser bras et jambes, et même le cou, et le chemin de fer à patiner sur les rails ce qui est un autre danger presque aussi sérieux. La nomination de Audiffret-Pasquier peut s’ajourner et dans tous les cas ta présence pour cela n’est pas absolument indispensable et je te supplie de ne pas sortir aujourd’hui. Je te supplie d’autant plus fort et plus tendrement que je suis très enrhumée et très souffrante ce matin et que je ne pourrai pas m’empêcher de t’accompagner si tu es résolu à commettre l’imprudence d’aller au Sénat tout à l’heure. J’espère que tu ne le feras pas et je t’en remercie de toute mon âme et de tout mon cœur.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 9
Transcription de Chantal Brière