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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 août [1847], lundi matin, 7 h. ½

Bonjour mon cher petit Toto, bonjour mon cher amour, bonjour qu’on vous dit. J’ai été bien contente de te revoir hier au soir. Mais tu me donnes le bonheur à si petites doses que loin de calmer la soif que j’ai de toi, cela ne fait que l’irriter encore davantage. Tu me donnes l’amour par grain, par parcelle, par globule, par atome absolument comme les médecins homéopathesa leur remède. Jusqu’à présent cela ne m’a pas rendue plus heureuse et je ne serais pas fâchée d’essayer d’un autre régime à : – Juju que veux-tu ? pour voir l’effet que cela me ferait. Dites, voulez-vous ? Rien qu’un mois ou deux. Le temps d’aller voir en Allemagne ou ailleurs si nous y sommes. Je t’assure que je crois que cela ne me ferait pas de mal et à toi non plus. D’ailleurs nous serions toujours à même de revenir si nous nous apercevions que cetteb hygiène ne nous convient pas et que nous sommes les plus malheureuses gens du monde et de la banlieue. Voyons mon Toto un peu de courage à la poche, un peu de cœur au ventre, trois chemises et 2 paires de chaussettes dans notre sac de nuit, une feuille de route de pair de France en portefeuille, beaucoup d’amour pour bagage et je t’assure que nous franchirons aisément la frontière. D’ailleurs essayons – et nous en serons quittesc pour revenir ça n’est pas si difficile et je serais si heureuse.

Juliette

MVH, α 7963
Transcription de Nicole Savy

a) « oméopathes ».
b) « cet ».
c) « quitte ».


16 août [1847], lundi matin, 11 h. ¼

Voici le temps gâté, mon Toto, et quoique je n’aie pas beaucoup d’occasions de profiter des beaux jours je les regrette à cause de toi qui les aimesa et qui en jouis.
Je voudrais que tu puisses venir travailler de bonne heure auprès de moi et je ne m’apercevrais pas s’il pleut ou s’il fait soleil. J’ai tout préparé dans cet espoir ; malheureusement ces attentions ne me réussissent jamais.
Je ne veux pas m’arrêter longtemps sur ces idées parce que petit à petit j’arriverais à être très grognon malgré le désir que j’ai d’être très aimable. Ton papier est si hideux que ma plume, qui n’est rien moins que formidable, passe à travers à toutes les lettres. C’est aussi commode que les cannes entrant dans les pavés ou les rigoles des trottoirs en marchant. Vous vous sentez tirailler et accrocher en arrière pendant que les jambes vont, que la pensée courtb et que le cœur bat. Je ne connais rien de plus agaçant si ce n’est de vous attendre. Tout cela c’est votre faute et je suis mille fois trop bonne de ne pas vous détester pour tout le mal que vous me faites. Taisez-vous et venez ça vaudra bien MIEURE [1].

Juliette

MVH, α 7964
Transcription de Nicole Savy

a) « aime ».
b) « courre ».

Notes

[1Familier pour : mieux, meilleur.

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