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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 27 décembre 1856, samedi soir, 4 h.

Je voudrais, mona pauvre grand et ineffable bien-aimé, que chacun des mots de cette restitus et chacune des lettres de ces mots produisent sur tes lèvres et dans ton cœur la sensation des plus doux baisers et des plus tendres caresses pour te remercier de l’adorable sollicitude que tu me témoignes à l’occasion d’un petit bobo qui ne mérite pas de t’occuper même une minute, car je sens que ce n’est rien, rien, rien, moins que rien, ce qui ne m’empêche pas d’en être aussi touchée et aussi reconnaissante que s’il y avait pour moi un danger véritable. Merci, mon adoré bien-aimé, merci au nom de ma santé, merci au nom de mon amour, c’est-à-dire merci au nom de la vie qui me vient de toi et qui t’appartient tout entière. Si les paroles écrites ou parlées pouvaient se lire ou s’entendre avec les yeux et l’ouïe de l’âme, les miennes en ce moment rayonneraient comme autant d’étoiles et une divine musique emplirait tout ton être d’extase. Malheureusement, toute cette splendeur intérieure s’éteint dans le bec de ma plume et c’est à grand peine si je peux mettre du noir sur du blanc. On frappe, si c’était toi ! Hélas, non ! Ce n’est que le citoyen Quesnard et son canichematte [1]] indélébile. Sur ce, je me couche en rond à tes pieds pour toute l’éternité.

Juliette.

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 290
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « mon mon ».

Notes

[1Mot-valise à partir du nom de Casemate, le chien de Kesler.

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