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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 31 mai 1856, samedi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour ; renfoncez vos chères petites pattes dans vos couvertures si vous ne voulez pas attraper des engelures car il [en sue  ?] dans ce moment-ci des quatrepoints de l’horizon : fichtre, quel froid ! On voit bien que nous sommes au 31 mai. Mais tout cela ne me dit pas quand je vous verrai ni comment vous avez dormi cette nuit et si vous avez pu vous coucher de bonne heure. Quant à moi je gèle, voilà tout. Je ne dors ni ne veille, j’ai froid. Je crois bien qu’à la faveur de cette tropicale température se glisse un peu de fièvre, mais je m’en fiche, refiche et surfiche, telle est ma force. Quant à vous votre spécialité consiste à ne pas m’apporter les lettres de Mme Rougemont, ce qui est assez faible quoique fort carré dans son cynisme. Prenez garde seulement à l’indignation vertueuse de votre portière et au manche de son balai non moins exaspéré. Ce que je vous en dis n’est que pour la morale et pour votre échine. Du reste je m’en recontrefiche, entendez-vous. Maintenant parlons peu ZE parlons pire, je vous aime, ce qui n’est nib nouveau, ni consolant, ni amusant pour vous, je le sais aussi je me contente de cette vengeance fixe, inamoviblec et immuable, telle est ma férocité. Prenez-en votre parti et laissez-vous adorer avec courage.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 161
Transcription de Chantal Brière

a) « quatres ».
b) « ni » est noté deux fois.
c) « innamovible ».

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