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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mai 1856

Guernesey, 16 mai 1856, vendredi matin, 11 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour. Je t’aime comme le temps avec toutes les rayons de mon cœur et avec tous les nuages de mon esprit. Je t’aime avec le souvenir du bonheur passé et le regret du présent. Je t’aime avec la foi en l’avenir. Je t’aime toujours et partout et quel quea soit l’état de mon âme.
J’espère qu’on a été exact à faire votre commission ce matin à huit heures sonnant ou sonnantes comme vous voudrez. Je doute que la JOLIE Mme Florence elle-même soit aussi ponctuelle dans celles que vous lui commandez. Et à ce sujet je vous dirai que j’ai eu le PLAISIR de l’avoir jusqu’à dix heures un quart, ce qui ne m’a pas ôté mon mal de tête que j’ai encore. Du reste c’est un vilain mal très abrutissant et qui ôte tout le charme de la vie ou du moins ce qui en sert. À quelle heure êtes-vous sorti des bras de l’ANDALOUSE Duverdier ? Le plus tard que vous avez pu probablement et très franchement sa beauté n’en vaut pas votre chandelle, comme dit le proverbe, et vous auriez eu encore meilleur goût à peler mon orange que de contempler la peau de votre espagnole jersiaise toute une longue soirée. Après cela des goûts et des couleurs il n’en faut pas disputer. Est-ce que je ne suis pas folle de vous, moi ?

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 148
Transcription de Chantal Brière

a) « quelque ».

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