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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 octobre [1838], mardi après-midi 1 h. ¼

Je ne m’étais pas trompée, mon amour, en vous croyant à Boulogne, aussi une autre fois je m’en rapporterai à mes pressentiments et quand je vous croirai en bonne fortune je me livrerai à toutes les recherches et à toutes les vengeances possibles parce qu’alors ce sera très vrai comme tout le reste.
Je devrais m’habiller si vous venez me chercher pour aller chez vous mais je ne peux pas faire autrement que de vous écrire. Je suis déjà en arrière et si je me laisse endetter je ne pourrai plus me rattraper. Je viens d’écrire à la mère Pierceau et à ma faiseuse de corset. J’ai encore la dépense à compter, votre tisane à faire et moi à peigner et à débarbouiller. Je n’aurai jamais fini avant ce soir. Vraiment je ne sais pas comment cela se fait ni comment je m’en tirerai quand je serai au théâtre mais je n’ai pas une minute à moi et je ne peux même pas venir à bout des choses quotidiennes de la vie. Je n’ai pas encore pu ni copier ni étudier ce rôle, c’est hideux. Je m’impatiente et je me fais mal en voulant tout faire. C’est absurde et impossible. Je t’aime, voilà ce qui m’occupe et ce que je fais bien et tout-à-fait.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 25-26
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette


9 octobre [1838], mardi après-midi, [illis.] ½

Voici votre petite lettre mon amour. L’autre que je viens de finir n’était qu’un arriéré d’hier, celle-ci est toute fraîche et d’aujourd’hui, et toute tendre comme le pain du boulanger. Malheureusement d’ici à ce que vous la lisiez elle aura le temps de se rassir et de se moisira mais cela ne me regardera pas, tant pis. Je n’aurai jamais le temps de faire tout ce que j’ai à faire. Mon Dieu que les jours sont courts. Je voudrais cependant bien aller voir votre taudis, vous [me  ?] traînez en longueur depuis cinq semaines mais je veux absolument que vous m’y meniez. J’ai des pressentiments et des idées de jalousie qui ne se calmeront que quand je serai assurée de quelque chose. Jusque là je serai irritée et nerveuse comme un chien à qui on fait de la mauvaise musique.
Je vous aime mon Toto, savez-vous ça que je vous aime ? Je ne suis si méchante et si grognon qu’à cause de cela. Si je ne vous aimais pas ou si je vous aimais moins je serais très bonne et très aimable.
Je vous aime, bonjour Toto.
Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 27-28
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « de se rassire et de se moisire ».

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