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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 septembre [1838], lundi après-midi, 2 h. ¼

C’est bien doux et bien charmant, mon petit homme, d’être bons amis et nous sommes bien féroces et bien stupides quand nous essayons d’être autre chose. Je vous dis cela en passant et pour la mémoire. Je ne sais pas ce que je vais dire au Manière quand je vais le voir et il est probable que, vu la circonstance, il sera très exact contrairement à ses habitudes.
Il faut que je me dépêche de faire mes affaires si tu veux nous mener chez la mère Pierceau. Depuis que tu es parti, je suis dans les comptes jusqu’au cou, je n’en finis pas. Je ne sais pas comment cela se fait mais j’ai à peine le temps de me débarbouiller tous les jours. Nous devrions tâcher de nous coucher plus tôta et de nous lever plus tôta aussi. De cette façon la journée serait plus longue sans raccourcir nos moments de bonheur. J’ai bien du bo dans le ventre. J’aurais besoin de prendre plusieurs negassek [1], je souffre cruellement. Jour mon petit o. Papa est bien i. Je l’adore, je l’attends, je l’espère, je pense à lui, je le désire et je l’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 235-236
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « plutôt ».


17 septembre [1838], lundi soir, 6 h. ½

Le diable se mêle de nos affaires. Depuis dix jours je n’ai pas pu descendre mon escalier. Je ne t’en veux pas car je sais que tu as énormément d’affaires de tous côtés mais ça n’est pas très amusant ni très hygiéniquea. Au reste voici bientôt venir le temps où il faudra bien que je sorte à l’heure et au jour où j’aurai besoin de le faire pour mon théâtre car je suis décidée plus que jamais à FAIRE TOUS MES EFFORTS pour me créer un état et un avenir : ça a toujours été mon espoir et mon ambition. Je suis triste, malingre et agacée. Voilà dix jours que je n’ai pris l’air par aucune issue car je n’ose même pas m’approcher de la fenêtre. Je souffre, je m’ennuie, je t’attends, je te désire et je t’aime, voilà ma vie. Manière n’est pas venu. Si nous n’avions pas eu l’argent, il serait arrivé dare-dareb, c’est toujours ainsi que vont les choses pour moi. Soir mon Toto, je t’aime. Tu m’oublies mais je t’adore, je souffre mais c’est égal, je suis faite pour cela comme tu es fait pour mon amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 237-238
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « ygiényque ».
b) « dar dar ».

Notes

[1Negassek : nom que Juliette Drouet donne à des émollients (Guimbaud, p. 104).

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