Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Septembre > 14

14 septembre [1838], vendredi soir, 5 h. ¼

Mon cher petit galeux, je vous aime et vous trouve très i malgré votre gale. Je suis prête à vous le prouver à pied, à cheval et autrement. Je travaille tant tous les jours que j’ai à peine le temps de vous écrire. Heureusement que je me rattrape dans la pensée, la mienne ne vous quitte pas une seconde, elle vous suit partouta. Prenez-y garde car je suis d’une humeur très [chazalienne [1]  ?] et je vous tirerai mon coup de pistolet dans le ventre net comme DOMINUS [2]. Voici les petites Besancenot qui viennent en corps chercher Claire pour jouer dans la cour. Je la leur ai donnée et dans ce moment-ci elles exécutent une dînette sterling. Je profite de toutes les occasions pour te dire que notre Claire devient de jour en jour plus charmante, c’est un hommage que je rends en même temps à ta sagacité qui t’avait fait devinerb cetc heureux changement. Toto est mon amour. Je viens de lire un stupide article dans le Vert-Vert sur cette pauvre triste à patte [3], c’est bien à la peine de s’appeler d’un nom drolatique, d’être assassinée et femme libre pour inspirer de pareilles élucubrations à MM. les rédacteurs des journaux. Mieux vaut encore n’être qu’une pauvre vieille Juju, laide et aimant son Toto comme un lion. N’est-ce pas que ça serait mieux mon Toto ? Maintenant je vais raccommoderd mon mantelet que vous m’avez déchiré, vieux bêtae. Heureusement que je vous le ferai payer plus cher qu’au marché, tant pis pour vous mais le billet de 500 francs y passera. Apportez vos gales, vos rognes et toute votre horrible petite figure que je la baise, c’est [illis.] bon.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 225-226
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain

a) « par tout ».
b) « deviné ».
c) « c’est ».
d) « racommoder ».
e) « bêtat ».

Notes

[1Est-ce une allusion à Chazal, le mari de Flora Tristan, qui avait eu des démêlés avec la justice en 1836 ?

[2Net comme Dominus : expression que Juliette utilise régulièrement pour exprimer ses menaces jalouses [Remerciements à Sylviane Robardey-Eppstein].

[3« Triste-à-pattes », en argot, désigne un membre de la police parisienne, de triste mine. L’allusion est à élucider.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne