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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 20 février 1856, mercredi matin, 10 h.

Bonjour mon cher petit Toto, bonjour jusque dans les pieds de votre chaise et vos semelles de caoutchouc, bonjour. Grâce à vos invités et au vent furibond je n’ai pas dormi de la nuit et il me semblait que l’assemblée [illis.] avait élu domicile dans ma chambre pour me donner un affreux charivari. Quel bruit, quel train, quel bousin. J’en suis encore toute ahuriea ; sans compter les tiraillements de mon pauvre bras qu’on dirait dévoré par des chiens enragés. Cela ne m’empêche pas de penser à mon bonheur de ce soir et de vous aimer comme une dératée. La loi FAIDER [1] m’oblige à la prudente réticence mais je compte sur votre intelligence pour compléter le sens de ma phrase. Le citoyen Cahaigne viendra ce soir avec enthousiasme et sans sa Cafetière. De votre côté, mon petit homme, vous seriez bien aimable de venir de bonne heure pour que j’aie le temps de vous écrémer un peu avant le vulgaire. En attendant j’ai toutes les peines du monde à tenir ma plume tant elle me paraît lourde, il est vrai qu’elle porte le poids de ma stupidité qui n’est rien moins que légère. Baisez-moi bien vite avant que la bêtise ne m’écrase tout à fait.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16377, f. 65
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Chantal Brière

a) « hahurie ».

Notes

[1La loi Faider a été votée en Belgique le 20 décembre 1852 ; elle visait à réprimer les offenses faites aux souverains étrangers. L’Empire s’était alors accordé avec la Belgique pour signer une convention littéraire et artistique contre, de jure, toute contrefaçon. La France signe en 1854 un traité commercial transitoire avec le jeune royaume peu favorable à ce dernier, pour obtenir des facilités douanières. « À propos de la loi Faider » est le titre d’un poème de Victor Hugo dans le Livre troisième des Châtiments, XIV, « La Famille est restaurée ».

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