23 juillet [1838], lundi matin, 10 h. ¾
Vous voyez mon petit homme chéri que je suis bien honnête et que je paie mes dettes tout de suite. Je ne vous ferai pas le même compliment car vous me devez depuis longtemps une nuit d’amour que vous ne me donnez pas. Je sais que les deux actes en sont la cause, ce qui ne me promet pas merveille pendant les trois qui vont suivre [1]. Au reste, je reconnais que vous avez le droit de faire comme vous faites. Tout ce que vous faites est bien et je ne suis qu’une vieille bête amoureuse. Avec ou sans Clair de lune, je vous aime à la rage. Comment vas-tu mon petit chéri ? Comment vont tes yeux bien-aimés ? Je vais te faire de l’eau ce matin dans le cas où tu aurais le bon esprit de venir de bonne heure. Tu en trouveras de la toute fraîche pour te bassiner les yeux. Il fait un froid de chien ce matin et le temps est noir comme votre âme. Si vous venez ce matin, n’oubliez pas de prendre un parapluie car vous savez que vous m’avez pris le miena ce qui me met à couvert des reproches mais ce qui ne vous garantirait pas de la pluie qui vab tomber. Bonjour mon petit o, jour mon grand o. Je vous aime. Aimez-moi aussi un peu et vous serez juste. Pensez à moi et tâchez de venir très tôt. Je ne vous fais pas de dessin ce matin parce que le sujet ne s’y prête pas et que, d’ailleurs, vous ne pouvez pas tout avoir. Vous avez mon [dessinc] et toute ma [dessind]. Vous n’exigez rien de plus puisque vous avez tout et que je vous adore.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16335, f. 89-90
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain
a) « bien ».
b) « vas ».
c) Un cœur est dessiné :
- © Bibliothèque Nationale de France
d) Un personnage est dessiné représentant le mot « personne » :
- © Bibliothèque Nationale de France