15 décembre 1873

Paris, 15 décembre [18]73, lundi matin, 11 h. ¾

Cher bien-aimé, j’espère que nous touchons tous les deux à la fin de nos tourments ; car tous les jours, la santé de ton cher fils s’affirme de plus en plus et tous les jours, aussi, mon amour inquiet se rassure peu à peu. Quel beau jour que celui où nous proclamerons la guérison complète de ton Petit Victor [1], et par surcroît, la mienne ! Encore quelques jours de patience et de courage et cet heureux résultat sera atteint, pour l’un comme pour l’autre, grâce au bienfaisant renouveau de 1874. Il faut que cette chaîne renouée de la vie de ton bien-aimé fils soit pour lui, comme pour celle de nos deux amours, forte et indissoluble dans toutes les épreuves et tous les dangers du corps et de l’âme. Quant à moi, je suis déjà armée de toute pièce pour le grand combat de l’éternité. Loin de la redouter, je l’implore devant Dieu, ce suprême juge du camp. J’espère, mon vaillant et sublime combattant, que tu tiendras à honneur de ne pas me faire triompher sans gloire dans cet assaut de nos deux cœurs à armes courtoises d’amour et de fidélité. Dans cette attente, ma pensée va au devant de l’année 1874 qui doit recommencer pour nous une autre ère^a d’amour plus pur, plus grand et plus radieux encore que le premier, si c’est possible.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 349
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « erre ».