15 novembre 1873

Paris, 15 novembre [18]73, vendredi matin, 8 h.

Cher adoré, je te donne mon bonjour tout bourré de tendresse, d’amour et de bénédiction et je prie Dieu de les répandre sur toute ta journée aujourd’hui par la bonne nouvelle d’un nouveau progrès de santé de ton cher Petit Victor [1] ; par la présence auprès de toi de tes chers petits enfants heureux à l’envi^a l’un l’autre de vivre chez Papapa. Il y a une lettre de M^me Chenay datée du 11. Elle t’envoie le compte-rendu détaillé des affaires de ta maison [2], en te faisant part de ses petits besoins du moment. Elle paraît avoir renoncé à venir cette année à Paris, tout en espérant aller en Normandie chez M^me La Roncière [3], laquelle ne lui a pas écrit depuis deux mois. Tu liras cette lettre avec ta bonté accoutumée, c’est tout dire. Il y a encore ce qui ne manque à aucun de tes jours, une demande de secours de la part d’un homme qui se dit Gens de lettres et ancien rédacteur du journal La Marseillaise ? C’est peut-être vrai. Au reste, tu en jugeras mieux que moi. Il paraît que le citoyen Robelin est venu hier pendant que nous étions au jardin des plantes. Il sera nécessaire de l’inviter pour un jeudi le plus prochain. Mais, ce qui urge par-dessus tout, c’est un PARDESSUS très chaud pour réchauffer ma vieille goutte. Je ne te dis que ça : attrapé ! Qu’est-ce qui bisque ?

BnF, Mss, NAF 16394, f. 321
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « envie ».