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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 juin 1838

29 juin [1838], vendredi matin, 11 h.

Bonjour mon cher petit bien-aimé, bonjour mon petit homme chéri. Comment vont tes pauvres yeux ce matin ? Comment vas-tu, toi, car tu paraissais bien fatigué hier mon amour ? Si j’avais pu et si vous aviez voulu, je vous aurais porté sur mon bras tout le long du chemin. Vous n’êtes déjà pas si lourd quoique vous soyez le plus grand de tous. Je voudrais bien vous voir, mon cher petit bijou, pour vous baiser et puis pour vous rebaiser. Je voudrais bien aussi que nous allassions chez Claire aujourd’hui si c’est possible. Je voudrais bien encore savoir comment va se dénouer la représentation de demain car avec un stupide misérable comme ce Beauvallet on ne peut rien prévoir. Oh ! Penser que ces ignobles turpitudes s’adressent de préférence à toi, c’est vraiment révoltant ! Si je me laissais aller au dégoût que ce hideux homme m’inspire, je vomirais sur lui toutes les horribles vérités qu’il mérite. Toi, mon admirable Toto, si haut et si rayonnant, tu as sur ces affreux têtards l’action du soleil, tu les fais éclore, pousser et grouiller dans leur fange jusqu’à ce qu’ils passent à l’état de crapauds colossauxa et de vipères monstrueuses, mais tu n’en restes pas moins le beau et bienfaisant soleil qui fait éclore les fleurs, pousser les fruits et vivre les âmes, tu es mon Dieu et mon amant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 322-323
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « colossals ».

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