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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 mai 1836

12 mai [1836], jeudi soir, 7 h. ¼.

Cher bien-aimé adoré, je vous écris en attendant mon dîner, et je vous écrirai encore après parce que je ne veux pas vous déshabituer de lire tous les soirs mes petits gribouillages d’amour et mes pâtés sentimentaux, parce qu’une fois que vous en auriez perdu le pli, vous ne pourriez plus le retrouver pour lire jusqu’à 7 lettres dans une seule soirée. Or donc, vous aurez votre contingenta ce soir comme si de rien n’était.
Je t’aime toi, j’ai du bonheur à te donner mes soins, je suis fière et heureuse que tu veuilles bien les accepter de moi. Pauvre cher bijou, que je t’aime. Tu fais partie de mon âme, tu fais partie de ma vie ou plutôt tu es mon âme et ma vie et je ne respire que par toi. Je ne vois et n’entends que par tes yeux et par ta bouche, je suis toute à toi et toute en toi.
Cher petit homme, vous serez bien charmant si vous venez tout de suite vous reposer ce soir et boire de la tisaneb. J’aurai soin d’y faire infuser une partie de mon amour afinc de vous engager à la boire et je cicatriserai votre plaie avec mes baisers.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 43-44
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « compte ingent ».
b) « tisanne ».
c) « à fin ».


12 mai, jeudi soir 7 h. ½.

Je vous écris encore celle-ci avant le diner, qu’importe que ce soit avant, que ce soit après, l’amour est toujours bon à prendre et encore meilleur à donner, soit à une heure, soit à l’autre. C’est avec cette conviction que je persiste à te défiler mon chapelet d’amour en guise de bénédicité et je te dirai mes GRÂCES à toi en personne quand tu viendras.
Que je vous aime, mon cher Toto, que je vous plains, mon bien-aimé malade, que je vous trouve beau, mon cher petit amant, que vous êtes éblouissant, mon grand Victor, et que je t’adore toi tout entier.
On dit l’amour aveugle, c’est une vieillea tradition qu’il faut remplacer par la nyctalopie, car je vous écris par la nuit la plus noire et par l’absence absolue de lumière quelconque. Ce n’est pas la première fois que le feu a remplacé la lumière avec avantage.
Je ne sais pas si vous vous reconnaîtrez à tout ce fouillis de paroles qui [ne  ?] ressemblentb pas mal à une aiguille sans chasc dans lequel on tente d’enfiler une idée sans en venir à bout. Enfin, pour le plus sûr, je t’envoie mon âme, mon amour et mon esprit, et ma langue, fais-en l’usage qui te plaira le mieux.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 45-46
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « vielle ».
b) « ressemble ».
c) « scha ».

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